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2 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE Rs Te in ed NN ee RS Re Ie
public a une âme de spectateur qui ne demande qu’à être amusée et surprise. Etes-vous d’avis que le cinématographe l’amuse et le surprend 2 Alors, emplovez le cinématographe et vous aurez le public... tous les publics avec vous.
Déjà, certains syndicats ont fait appel au cinématographe pour répandre, mieux que par le livre et l’image, les paysages
animés qu'ils avaient intérêt à montrer et à révéler. Sur les
indications de leurs membres, des prises de vue eurent lieu. qui leur. ont donné ample satisfaction à tous les points de vue.
Ces exemples ne peuvent être que contagieux et nous ne doutons pas qu'avant peu tous les syndicats d'initiative de France auront eu à cœur de faire impressionner à demeure les multiples beautés naturelles et artistiques des contrées à la prospérité desquelles ils se sont dévoués avec tant d’abnégation et de générosité, et que le cinématographe sera pour eux le meilleur agent de propagande dans la grande masse du public touriste.
A: VEREYELPE:
CHRONIQUE
De Quo V/adis (1)
Le cinéma qui, par ses côtés documentaires «et actuels nous rattache au grand drame de la guerre et fait, dans le divertissement même, la liaison entre le Boulevard et la ligne de feu, commence à mériter l’inquiétude des auteurs dramatiques. Beaucoup, les yeux sur l'écran, se demandent si © quelque chose de grand va naître ». Ils accordent que le cinéma est d’un ordre que l’ombre chinoïise et la lanterne magique. On l’a vu poindre, papilloter et comme trembler de son audace ; ce n’était encore qu'une récréation enfantine et populaire ; le charme de la canaïlle, Cependant l’amusette est devenue un art — un art qui est le produit des plus strictes et des plus subtiles sciences: « optique, mécanique, chimie, un art né comme un dieu de la lumière et qui captive, émeut, passionne, attire dans son rayonnement la grosse chalandise et la délicate. Voilà certes! de quoi fournir à la méditation des esthètes et au calcul des marchands.
Déjà l’on demandait à la projection cinématographique d’utiliser la lecon ou le cours du professeur, d’animer la définition et d’administrer la preuve, de constituer pour l’histoire et la science des archives vivantes. Cela, dépassait, comme on le voit, les aventures de guignols ou dé marionnettes. Nul, d’ailleurs, ne conteste plus au cinéma cette utilité d'appareil enregistreur, et d’auxiliaire pédagogique, cette éminente valeur de bibliothèque visuelle. Mais cet art prétend à d’autres dignités et nous promet d’autres témoignages. Il prétend à la représentation directe de la vie, non plus seulement extérieure et en silhouette, mais qu’on me pardonne ce jargon, en profondeur affective, en intériorité. Le voici donc, au grand effarement des montreurs d'images, en
(1) Quo Vadis, 18, Rue Pigalle, Paris.
face -— ou à côté de l’art dramatique. Ne risque-t-il point de se briser dans cette aventure ? Je ne le pense pas.
Les directeurs de théâtre nous donnent périodiquement de curieuses lecons, dont pour leur part, ils ne profitent guère: ils font des reprises, des-« retours » sul leurs succès. Telle pièce qui, voilà 3 ou 4 ans, fit feu de mille facettes et de mille traits nous apparaît tout à coup émoussée et terne, morte. On le sent à l'atmosphère de la salle, aux visages ; c’est une veillée. Ce ne fut donc, celte comédie, qu’un article de demi-saison, fragile et joli — ce que les coquettes appellent : si l’on peut appliquer l’image aux feux de la rampe, un déjeuner de soleil. Ce n’était pas une pièce.
L'art dramatique qui compte et dure envisage la vie « sub specie œterni » ; plus simplement, le théâtre n’a de valeur humaine que s’il s'applique à « dépeindre les passions » dans leur vérité, leur permanence. Le monde vit sur un fonds commun de sentiments. Sous les variations de surface, la base est constante et une. L'auteur qui puise à ce fonds éternel et l’auteur cinématographique doit y venir, s’alimente à la source même où les grands classiques ont puisé, il est assuré quelque soit le costume, le décor, le langage d’être compris malgré l’espace et le temps. Il y a dans le théâtre grec un « sublime » qui a traversé les siècles et nous transporte tout comme des athéniens de la bonne époque. Racine a laissé des plaintes et des cris qui s’entendent toujours dans le drame quotidien de la vie aussi bien qu’au temps de Marie Manceni et de La Vallière, Shakespeare... Mais Shakespeare est le plus fabuleux créateur de scenarios qui se sera jamais vu, sans doute, dessous les cieux.
Ce que je fais du cinéma, en tout ceci ? Je définis son objet. Le cinéma ne doit pas être l’acte qui passe et se démode, il doit devenir du « grand art humain » qui reste simplement. Certes ! il nous faudra encore des pirouettes et des feuilletons car nous aurons comme par le passé des patronnets et des concierges, mais on presse enfin la venue des auteurs qui sauront voir au-delà de Tabarin ou de Guignol.
Ce que nous admirons déjà dans le cinéma — jusque dans ses excès comiques — c’est son caractère concis, ramassé, intensif. Dans l’ensemble, il tend à serrer encore ses expressions et ses effets. L'évolution même de son nom est comme une devise (cinématographe, cinéma ciné). C’est un art sobre, fort, frémissant et vite, Le seul qui puisse suivre la pensée. Et là, qu’on veuille bien y songer un instant, se trouve une source suprême dart et de volupté.
Le cinéma ne pourra donc se réaliser qu’en se mettant à l’école des grands maîtres et de la vie. Comme le théàtre slassique, il négligera le caduc et l’illusoire pour s’attacher au permanent et au vrai au « cœur humain ». Il sera le signe, la parole imagée et poignante de la « passion », mais il en sera l’expression directe, soudaine, libérée des inutilités et des retards. Ce qu’on a cherché parfois, au Grand-Guignol, chez Antoine à travers les grossissements et les erreurs, se réalisera sur