Le Courrier Cinématographique (August 1917)

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8 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE SN ESN EN EN EN ES Notes d’une Spectatrice Bébé — un grand garçon de six ans — accompagne la maman jolie, si jolie qu’on la croirait l’aînée. Et voici ce que j'ai entendu : «— Dis, maman, pourquoi qu’il v a des messieurs qui disent comme ça que le cinéma il n’est pas fait pour les petits enfants 2... Est-ce que je les empêche de jouer aux billes avec des boules en bois 2... — Vovons, mignon, lais-loi, écoute et regarde. Tu vois, ça c’est le parc roval de Yellowstone.. — Ça, au moins, ça remue, il y a de l’eau. Tiens c’est fini, c’est même pas com mencé. Oh ! maman, regarde la dame avec ses trous noirs de cha que côté du nez... — Ce sont ses veux, mon petit... — Ses veux 2 On dirait des entrées du métro avec un lampion au fond... — Chut... voyons, assez de réflexions... — Dis, maman, pourquoi qu'elle s'appelle elle-même la belle Serana, la dame, elle a donc peur qu’on ne le croit pas ?... Dis, maman, c’est long au cinéma, on lit tout le temps. Quand je serai grand, j’achèterai un journal et j'irai le lire au café, dehors, maïs ÿe ne viendrai pas le lire dans le noir, c’est triste. Oh ! ça re-remue... c’est beau. — Tiens, voilà Ravengar, amuse-toi.. — C'est la fin ? — Oui, c’est la fin... — Tant mieux... — Pourquoi tant mieux 2... Cen 'est pas bien ?... — Oh ! si c’est bien. mais quand est-ce qu'on nous montrera des fées au cinéma, dis, maman. Tu ne sais pas, c'est-y que c’est les «vieux monsieurs » qui jouent aux billes en bois à Vincennes qui ne veulent pas... — Ils n'aiment pas les fées, Les « vieux monsieurs » — Eh bien, ils sont bêtes, les « vieux monsieurs » et Ravengar aussi, j aime mieux le Petit Poucet, il est français, dis, maman, le petit Poucet, et l’ogre il est boche, dis maman 2.. Oh ! là, maman, c’est bien, tu vois le bateau, il a dû être payé beaucoup d’argent, le monsieur qui est monté sur le bateau il a manqué mourir hein, maman ?.. pour faire ça. — Je ne sais pas mon pelit..… c’est un militaire. — Ah ! c’est un militaire 2. alors on ne paye pas les militaires, mais toi, maman, tu as payé pour voir ce qu'il a fait le militaire... alors 2... — Mais alors, mon chéri, je ne sais pas. assez de réflexions. — Maman ! maman ! des soldats, oh ! comme ils ‘sont beaux... comme ils sont beaux ! c’est tous des papas, dis, maman, qui défendent les petits garçons 2. — Oui, mon mignon, des papas et des grands frères, regarde-les mon chéri, on ne les regardera jamais assez... Et pendar:t que le chérubin s’emplissait l'âme de la mâle vision, deux ‘spectateurs d'âge canonique, classes 1876 et 1877, homme et femme, cent treize ans à eux deux, graillonnaient.… — Sont-ils assommants les enfants au cinéma. et puis ces films de guerre, toujours la même chose, enfin Max Linder ! on va rigoler... Et bébé regrettait les papas et les grands frères disparus sur l'écran. Oui, décidément, les « vieux monsieurs » ils ont raison, le cinéma n’est pas fait pour les enfanis.… qu’en pensez-vous ?: LuicrA REZZoNIco d. T. BIPPEMSDU"POIEU CINEMAS Comme il pleuvait au rassemblement, le commah dant a supprimé l'exercice ; il a décidé que les officiers feraient à leurs hommes une petite conférence Sul « l'entrée en scène de l'Amérique ». Nous aimon beaucoup ces conférences ; on reste au sec, on est assis: on peut fumer, dormir, rêver ou même écouter le lieutenant qui parle, qui parle. La Fayette, New-York San-Francisco, le coton, l'acier, le pétrole. Mon Diet qu'il parle donc ! Ça dure déjà depuis trente minutes Beaucoup bâillent, regardent leur montre... Debout ! C’est fini ! Oh ! la joie de se détendre ! Et ies journaux déplorent, après ça, que le soldat ne « réalise pas assez les aspects multiples de cette guerre mondiale ». Vraiment ! est-ce sa faute, à Ce simple, qui n’a jamais vu que son village et sa tran” chée ? Croit-on le déniaiser et le passionner avec des conférences ? Il serait pourtant facile d’agir sur 50! imagination et, par là, sur son cœur et sa volonté. Il suffirait de planter là la méthode des professeur” et de prendre précisément la méthode contraire. La méthode réaliste et vivante, parbleu ! Je vous a sure qu'un bon cinéma qui nous aurait projeté, sanf un mot de commentaire, le débarquement des Américains, le port de New-York, une usine de là-bas €2 plein travail aurait laissé une trace autrement pro” fonde dans nos esprits que la causerie du lieutenant: Plus de discours ! Des faits, et l’irrécusable image de choses ! Montrez-nous les batteries lourdes en action, les tankS à la manœuvre, la tête que font les Boches qu’on a râfiés en Flandre, les Sikhs, les Gurkas, le front de Salonique, les tranchées d'Italie, et les navires de guerre ies chalutiers, les sous-marins. Montrez-nous le vaste monde à l’assaut de la forteresse boche, si vous voulez que nous vivions d’une vie « unanime » ! Plus encore qu'aux gens de l'arrière, le cinéma est nécessaire au* hommes de l’avant, murés dans leur étroit secteur et dans leur cantonnement circonscrit. Et qu’on n’aille pas croire que, pour créer l’enthou” siasme, le Bulletin des Armées, ça suffit. A. L. (Le Journal.)