Le Courrier Cinématographique (September 1917)

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20 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE Les bésicles £$rossissants S'il m'était permis de faire des comparaisons, si Je ne craignais de frauder avec le pacte d'union sacrée, encore plus, de tendre le col au couperet de la censure, que ne dirais-je pas de l'attitude de MM. les maires, en face du cinéma ? Ils ne se conduisent pas autrement que des enfants rageurs. : ils importunent, sans raison, des gens qui ne leur ont nier, il s’est produit au cinéma un incident tout menu, et la main dans l'exercice de leur autorité. Les enfants, eux aussi, brisent leurs jouets, et sont contents de se procurer ainsi une preuve solide de leur jeune puissance. Bien entendu, le résultat est négatif. Quel perfectionnement dans les mœurs ont jamais apporté les mesures de rigueur prises par les maires contre l’industrie cinématographique ? Aucun, et il n’en faut rien attendre : Réprimer au lieu de diriger est un mauvais système qui ne produira jamais rien d’utile. Les maires l’ont fait leur, et pour en justifier l'emploi, ils posent sur leur nez des besicles à verres grossissants iesquels déforment les objets et leur représentent le moindre ciron comme la plus énorme bête féroce. Afin d'illustrer ces quelques réflexions, oyez cette histoire dont je garantis l’authenticité : Dans une ville assez cossue (surtout depuis la guerre) et située à mi-chemin de la route Paris-Trouville, il y a un théâtre exploité par un concessionnaire. Celui-ci, par suite d’une entente avec un cinématographiste, laisse donner tous les 15 jours des séances de cinéma dans sa salle. Dans l’intervalle on joue du drame, de la comédie, voire de l'opéra comique. Spectacle varié, comme vous voyez, et qui plaît à tout le monde. -La population ne boude pas plus le théâtre que le cinéma. Oui, mais il y a un maire, et ce maire est un farouche cinéphobe. Il n’attendait qu’une occasion, une petite occasion, mais qui aperçue à travers les lentilles de ses besicles, lui permetirait de la dire très grande, dangereuse, et de brimer le cinéma. Hélas ! Elle ne s’est pas faite attendre : Le 12 Août dernier, il s’est produit au cinéma un incident tout menu, et combien banal, qui, aux yeux du maire, a pris des proportions d’émeute. Des pancartes apposées sur tous les murs interdisent de fumer, sous peine d'expulsion immédiate. Or, ne voilà-t-il pas qu’un brave belge, réfugié, allume un cigare, sans penser à mal. Un agent de service apercevant dans l’ombre le petit point rougeoyant, intervient, saisit notre Belge par” le bras et l’expulse vivement, trop vivement même, puisqu’en pareille circonstance il arrive fréquemment qu’on se bouscule, qu’on joue des coudes et qu’on casse des carreaux. Ce fut le cas : une vitre du vestibule fut brisée. Remarquez que la séance ne fut pas troublée un seul instant, et que 8 ou 10 personnes seulement — il y en avait 550 dans la salle — s’aperçurent de cet incident, on ne peut plus banal. Vous croyez que les choses en restèrent là ! Que non pas: Elles prirent des proportions fantastiques : l'agent fit un rapport qu’en sa qualité de chef de la police municipale le maire étudia. Un rapport sans sanctions (voyez l'affaire Almereyda) n’est pas un rapport. Le maire en prit et de fort sévères. Il dressa une contravention au fumeur... Comme vous êtes peu sérieux ! Le Maire avait signé un arrêté interdisant, jusqu’à nouvel ordre, les représentations cinématogra” phiques sous prétexte qu'elles étaient causes « d'incidents scandaleux ». Par contre, les représentations théâtrales pouvaient continuer. On ne saurait être plus partial. Qu'un spectateur fume pendant la représentation de la Tour de Nesle, ça n’a pas d'importance, mais pendant la projection du film La Modiste de Rigadin, c'est un danger pour l’ordre public. Tâchez d'y comprendre quelque chose ! Le cinématographiste réclama, faisant remarquer au male que l'incident n’avait rien de commun avec le spectacle cinématographique qu’il met injustement à l'index, et que s'il y a un service d'ordre, dans la salle, c’est évidemment pour qu’on s’en serve. Peine perdue. Le maire se réfugie dans un mutisme absolu. : L Mais il y a un préfet à X... Peut-être que s’il connai sait ces, faits il obligerait son subordonné à les apprécier d’une facon plus sage ? Et s’il reste muet, lui aussi, notre ami le cinématographiste ne risque rien d’en appeler au Ministre de l'Intérieur. C'est trop d’arbitraire, vraiment. Il faut que cela cesse. L. DRUHOT oo Réfiexions d’un Poilu De l'avenir, le poilu ne veut connaître qu’une chose la Paix. V’olontairement, il ne pense à rien d’autre. Il lui arrive, cependan!, malgré lui, de réfléchir, de méditer — et de s'inquiéter. Quelle sera sa situation dans la nouvelle vie nationale de demain 2 Est-ce avec les qualificatifs de « glorieux ?: d' « héroïque » et d’ « admirable » qu'il pourra vivre el faire vivre sa famille 2 , Que deviendront tous ceux que la guerre a mutilés, qu'elle a diminués, qui sont devenus des déchets ; que deviendronil tous ceux dont elle a ruiné la situation, gâché l'existence, paralysé les ressources ; que deviendront tous ceux à qui elle a pris la santé et les emplois ? L'arrière: vit une vie normale — nous ne l’ignorons pas — dans laquelle nous sommes, pour la plupart remplacés. Quan nous allons rentrer — car, enfin, il en est qui rentreront tout de même un jour — serons-nous considérés comme des gêneurs, comme des intrus ; ou nous rendra-t-on, de plein droil, les postes et les situations que nous occupions avant la guerre el que nous avons quittés pour défendre les personnes et les intérêts de ceux qui les détiennent actuellement ? À cela le poilu pense — quelquefois ; et il ne serait pas inutile que d’autres v pensent aussi. — UN Porru. (Le Pays.)