Le Courrier Cinématographique (October 1917)

; 8 LE Courrier CINÉMATOGRAPHIQUE RP PA ER NE de quitter Paris. Christiane s’est merveilleusement parée pour briller à cette soirée. Elle profite d’une bouderia entre Wanda et Jean pour laisser entendre à son beaufrère qu’elle l’aime et tenter de le séduire. Juliette a assisté à un incident de cette scène et c’est dans un grand trouble qu’elle est partie pour Cannes. Afin de gagner beaucoup d'argent et de satisfaire aux goûts de luxe de Christiane, Paul Margès a accepté de plaider pour les Raidzell une affaire d’héritage qui, maintenant, le met en délicate position vis-à-vis de ses électeurs. L'élection est compromise. II le reproche à sa femme et l’invite à se restreindre, mais elle s’y refuse et le rabroue vertement. Le ménage de l'avocat se gâte de plus en plus et Christiane se résoud à tout faire pour avoir Jean. À Cannes, Juliette est gagnée par de sombres pressentiments quand Wanda Smirnoff, qu’elle rencontre, lui apprend que, resté seul à Paris. Jean s’est fait le cavalier servant de Christiane. Toute la famille est bientôt réunie sur la côte d’azur, sauf Paul qui doit surveiller la préparation de son élection. Les événements se précipitent. Grisée par la puissance des millions, la tête d’Eugène Raidzell s’égare et il s’achemine vers la paralysie générale, la folie des grandeurs. La situation politique de Paul Margès devient désespérée. On lui à reproché en réunion publique et sa complaisance pour les intérêts des Raidzell et celle de sa femme pour Jean. Furieux, il part pour Cannes dans une sombre pensée de vengeance. Cependant, Juliette a entendu son mari exposer ouvertement à Christiane des projets de divorce. Elle a vu Jean et Christiane faire en amoureux une promenade sur le yacht d'Eugène Raïdzell, et son attitude n’est pas pour rassurer Paul quand, arrivant à la villa Turquoise, il demande où est sa femme. Revenant de la promenade, Christiane veut embrasser Juliette : Celle-ci, oubliant toute prudence, s’abandonne à un grand mouvement d’horreur et repousse celle qui prétend la déposséder. À cette vue, Paul n'a plus de doute sur son malheur conjugal et, au moment où Jean arrive, Chargé d’une botte de fleurs achetée pour Christiane, l’infortuné mari atteint un revolver et abat son beau-frère qui tombe parmi les roses. Le coup a déclanché la folie qui sommeillait encore en la cervelle d’Eugène Raïidzell: Dans son désespoir, il se répand en propos extravagants. Juliette est veuve. >aul et Christiane sont à jamais séparés. Un deuil affreux pèse sur toute cette famille naguère encore si heureuse, Juliette ira retrouver la vie simple chez ses parents désolés et trop tard assagis. Elle élèvera son fils dans n & HR , DOS sure g . l'horreur et le mépris des millions corrupteurs qui enfantent les catastrophes. Enfin! Une œuvre essentiellement française vient d’être exécutée dans son pays d’erigine à Paris, et interprétée par des artistes qui nous sont chers. La maison Aubert, en devenant propriétaire d’un si beau film, a prouvé son sens artistique et son goût très sûr. On ne pouvait espérer meilleure distribution et je suis persuadé que l’auteur a été le premier à complimenter l’excellente troupe qu'a su réunir la marque « Natura-Film ». M. Ravet jouait à nouveau le rôle d'Eugène Raidzell, qu'il créa à la Comédie-Française. Son talent de grand comédien s’y élait révélé une fois de plus. Il n’a pas failli à sa réputation en se représentant à l’écran dans le même rôle, consacré, celle fois, définitivement. Mile Andrée Pascal, au talent si gracieux, est toujours très appréciée, et nous nous élonnons qu’une telle artiste ne fasse ‘bas encore partie de la Comédie-Française : sa place L est pourtant, me semble-t-il, toute indiquée. M. Tallier est le jeune premier rêvé, le prince charmant auquel rêvent toutes les jeunes filles! Le rôle ingrat de Christiane est rempli par l’austère el sculpturale Mlle Margav; enfin, un personnage épisodique convient parfaitement à la beauté séductrice de Mlle Gavthil. Louons sans réserve le talent du metteur en scène de cette belle pièce, et le goût si fin dont il a fait preuve en choisissant des meubles, décors et toilettes qui sont des révélations. PE Le Navire invisible Est-ce un canard, ou un goëland, pour être plus couleur locale? Toujours est-il que les journaux nous affirment, avec un sérieux incomparable, qu'Edison, le grand savant, aurait trouvé le moyen de rendre invisibles les navires. Les détails manquent sur cette curieuse invention. Aussi demeurons-nôus sceptiques. Cependant, étant donné qu'Edison a consacré de longues années aux perfectionnements et aux applications du cinématographe, on pourrait peut-être supposer qu'il emploierait, en la circonstance, un écran et plusieurs séries de lanternes de projection, pour. créer dés mirages et tromper le pirate sous-marin. Pourquoi pas? Des nuages artificiels, voilà l’écran! Quant à la source lumineuse, il est tout simple de la traîner. Sous toutes réserves, naturellement. PARAÎTRE Maurice DONNAY de l’Académie Française