Le Courrier Cinématographique (October 1917)

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LE CoURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE Autour du Cinéma Sensationnelle Interwiew Quand, un beau matin, nos maigres quotidiens m apprirent 4 nouvelle sensationnelle d’une formidable accusation pesant Sur l’un de nos honorables élus, M. Murtel, député des Côtesdu-Sud, j'en manifestai un profond étonnement. L'expression de ma surprise fut même si grand qu’un brave Cipal dut venir me rappeler les règles des convenances, lesQuelles consistent — quand on est revêtu d'un somptueux uniforme fourni gracieusement par l'Etat — à circuler rapideMen de par les rues de la capitale, en observant le plus rigouTeux silence. Les causes de ma stupéfaciion élaient nombreuses, pourlant. Je ne connaissais pas personnellement M. Muriel, mais On parlait de lui en termes si élogieux que, peu à peu, je : élais habitué à ses harangues parlementaires, et j'aurais Touvé tout à fait anormal que quelque dithyrambe ne suivit pe 9 ne précédât son nom. Encore qu'on ne le comparät point à un La RochétouCauld, sa réputation de moraliste commençait à s ’élablir forlement. Au surplus, c'était un homme d'action. Chaque jour, 1 déposait sur le Bureau de la Chambre un nouveau projet 1e loi, invariablement contresigné de deux dévoués collègues. À puis = et c’est cela surtout qui m'avait fait le remarquer El $ ‘intéressait tout particulièrement à l’art cinématograPhique. N'est-ce ‘pas lui, qui, dans une période oratoire Célèbre, a, d’une phrase lapidaire, défini notre industrie en. l'appelant l'Ecole du Crime? Et voilà maintenant cet homme, ce député, ce ne Cusé presque de haute trahison. Vraiment, je n'en reviens Pas encore. Les faits reprochés à M. Muriel ne semblaient pas, Cépen tant, de prime abord, justifier les mesures prises à son égard. ublier vingt-cinq mille franc$ dans une armoire n'est pas un “rime, n'est-ce pas Vendre des vaches n’en est pas un non Plus. + Alors 2 © Alors fe résolus d’en avoir le cœur nel. Je me saisis de mon fidèle Waterman (réclame non payée) & je partis dans la direction du Palais-Bourbon, bien résolu à Obtenir une interview pour les lecteurs du Courrier. _ J'eus la bonne fortune de le rejoindre à la buvette de la “hambre où, pour s'entraîner sans doute, le représentant du Peuple absorbait quelques douzaines d° huîtres qu'il arrosait % nombreux verres de porto. Tr Top absorbé pour répondre à mes questions, M. Muriel re L S'ASATES voulut bien, néanmoins, écouter ma requête. Il me promit une lettre d'explications, et, après qu'il m'eut dévoilé un crâne dénudé, je me reliraï, satisfait de ma mission accomplie. Le sympathique marchand de bestiaux fut assez long à m'écrire. Je désespérais déjà de recevoir la missive annoncée et m'apprêlais à reprendre l'autobus jusqu’à son point lerminus, lorsque, le jour même où les journaux annoncèrent en manchette l'arrestation du député, le facteur m'apporta enfin * la réponse à mon interview. Je la livre à nos lecteurs in-extenso, et sans le moindre commentaire, désirant, dans cetie affaire, garder la neutralité la plus absolue : Monsieur, ; L Comme suite à notre entrevue, et après avoir longuement pris l’avis de mon dévoué défenseur, M: Busu, lequel je ne saurais trop vous recommander le cas échéant, je vous livre en toute simplicité les explications que vous désirez. Vous savez mon attachement profond à la cause cinématographique, attachement qui m'a valu tant d’ennemis. Depuis plusieurs années, je lutte pour le développement de cet art, et voyez comme j'en suis récompensé aujourd'hui. Au cours d’un voyage que j'effectuai en Suisse au début de 1916, je m’aperçus que, dans les sites si pittoresques du pays voisin, il manquait quelque chose que la létenne y a immuablement fixé : le troupeau de vaches. Oui, Monsieur, il n’y avait plus en Suisse, à cette époque, : la moindre bête à cornes. Après enquête, j'appris que nos mortels ennemis, les Boches, les avaient toutes achetées, aux seules fins de les transformer en beafstecks.. Mon cœur de cinématographiste en fut serré. Je pensais au désastre qu’encourrait l'éditeur de films qui viendrait tourner dans ces contrées. Le paysage auquel manquait son principal ornement!…. Prévoyant les plus graves complications, les plus sombres démélés dontsaurait été victime votre industrie, cher Monsieur, je me mis aussitôt en rapport avec le Gouvernement fédéral, pour que soient remis dans leur véritable décor les “ruminants sympathiques auxquels nous devons le lait con densé. = Et c'est ainsi que j'ai &te amené, pour l'amour du cinéma, de la vérité dans l’art, à repeupler la Suisse des animaux que les Allemands avaient accaparés à leur profit. | Votre dévoué, . MURTEL. Marcez BONAMY.