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4 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
commune entente avec les Editeurs qui, en l’espèce, sont les collaborateurs photographiques attitrés des inventeurs de sujets à filmer, nous pensions, par cette mise à l'étude, combler de joie nos plus modestes confrères, dont pas un seul ne peut se plaindre d’être laissé par nous à la dérive, puisque : Tout auteur de films cinématographiques peut devenir adhérent à la Société des gens de lettres, (article 9 du règlement) et, par ce fait seul, slagiaire de la Société des Auteurs.
Ah ! la conséquence a été aussi prompte qu’imprévue. Sous la ‘conduite d’un certain Primo mihi qui cherchait à relever, en tout désintéressement, une agence de perception laissée pour compte, les auteurs non encore inféodés aux sociétés sus désignées appelèrent scénaristes et metteurs en scène à la rescousse pour instaurer un nouveau et hybride groupement de candidats au droit d'auteur.
Il y eut des palabres au fond de certaines brasseries, des réunions au foyer d’un petit théâtre. L'une de ces dernières, m’a-t-on affirmé, fut particulièrement houleuse car l'élection du bureau ayant été truquée, comme un simple film, on eut à regretter l’absence d'un appareil de prise de vues qui eut permis d'apporter une scène complémentaire, bien vécue, au
Judex d'Arthur Bernède et Louis Feuillade.
Revenons aux choses sérieuses et cherchons à conclure.
De toutes ces parlotes, que peut-il résulter ? Rien de bon ! Si les remueurs de vase font remonter les bulles d’air fétide qui troubleront un instant la surface lumineuse du lac tranquille de l’écran, de leur action inconsidérée aucune application féconde ne peut naître ; ceci pour deux raisons indépendantes l’une de l’autre, mais pareillement inéluctables :
La première est d’ordre juridique et peut se résumer ainsi : ( Si la Société des Auteurs, s’administrant elle-même et n'éditant pas, est qualifiée pour opérer la perception au nom de ses membres, perception de droits fixés à l'avance et qui, en aucun cas, ne peuvent être modifiés, il en va tout autrement d’une société dont la perception serait assurée par une ‘ agence mitoyenne, agence commerciale fondée dans un but de lucre et fonctionnant avec des fonds étrangers au groupement, car ce véritable trust pourrait un Jour ou l’autre être amené à éditer où à acheter des films avec lesquels ce trust commercial serait à même
d’affamer le marché en décrétant la hausse des prix selon son bon plaisir. »
La seconde raison ? Qu'on me permette de l'ex’ poser en répondant à un récent article dans lequel mon ami L. Druhot, désagréablement impressionné par les desiderata du groupe en formation, paraissait ne vouloir établir aucune distinction entre les pro’ priétaires et les salariés.
Votre comparaison entre un propriétaire d’immeu ble et son architecte m’a fortement intéressé, mon chet ami, par exemple, j’en tire une conséquence diamétralement opposée à celle que vous donnez. Il n’est pas admissible qu’un architecte qui a dressé les plans d’une maison et présidé à son édification, ait la prétention de se trouver lésé parce que le propriétaire de l'immeuble tire de ses loyers une somme supérieure à celle qu’il a touchée, lui, pour l'exécution de ses travaux. À ce compte, l'entrepreneur, les maçons, les charpentiers, les couvreurs seraient aussi en droit d’avoir une part des revenus ; et le locataire ne le serait pas moins puisqu'il consent à perdre chaque jour un peu de son existence entre les murs du dit immeuble.
Non, l'architecte n’est pas un collaborateur, c’est un stipendié. Parfois le propriétaire a un banquier qui avance des fonds ; celui-là est un collaborateur : il est traité comme tel.
Pour en revenir au film cinématographique, La poule aux œufs d’or que vous citez plus haut, ne croyez pas que ses parents veuiilent l’étrangler. Car elle a des parents, cette poule ; l’auteur est le père et c'est de son mariage avec la maison d’édition qu'est né l'enfant : il sera de belle venue s’il avait la tête féconde lui, elle les reins solides.
Quant au scénariste appointé au mois ou à la pièce, au metteur en scène appointé aussi et souvent intéressé, enfin aux artistes dont les cachets varient selon la valeur, mais dont le montant est toujours très supérieur à ceux qu'ils touchent au théâtre, ce sont les compagnons de la mue ou, si vous le préférez, les charpentiers, maçons et couvreurs.
Ils ont été payés selon des conventions établies et selon leur mérite.
Si vous admettez qu'ils aient, après cela, le droit de se distribuer l'immeuble ou de s’inviter au partage des œufs, je ne m’ébahirai plus de rien, même du partage des terres aux paysans russes.
Paul FEVAL fils.