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ra LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
:s Travaïlleurs de La Mer
Notes d’une Spectatrice
Reposons-nous, pendant qu’il en est temps encore.
Il paraît que le mois de février va se distinguer des autres par une avalanche de présentations spéciales. Nous ne saurons plus où donner de la tête et de la lorgnette. Toutes les matinées de la semaine sont retenues à l'avance par les éditeurs, loueurs, producteurs, etc., pour les présentations de leurs dernières nouveautés.
Certains de la corporation vont même jusqu'à avancer qu'il existera des services de chars à bancs pour les matinées où deux présentations auront lieu l’une à 9 heures, place de la République, et l’autre, à 11 heures à la porte Maillot.
Tant mieux, nous verrons du pays et, à force de traverser la capitale dans tous les sens, les directeurs de cinémas seront bientôt devenus nos meilleurs indicateurs des rues de Paris.
Et c’est toujours une corde de plus à leur arc.
Puis, en ce qui nous concerne, cela nous permettra, pendant le trajet, de lire et de relire les idées personnelles d'Henry Bataille sur le cinéma... Des idées? N'’en a-t-il pas sur tout, le cher homme?
Ecoutons-le, religieusement.…
« Parce que nos interprètes ne parleront pas devant une salle, la pièce cinématographique, telle que je l'imagine, ne sera pas non plus une pantomime. La pantomime exprime des sentiments par des gestes de tradition et de convention. Elle a ses personnages, ses costumes, ses accessoires €t le cadre de ses fables est tout à fait limité. Elle peut être délicieuse, mais elle est « fausse ». Ce que je voudrais dans une pièce de cinématographie, c’est, au contraire, une vérité aiguë. Une action évidemment débarrassée des complications psychologiques sur lesquelles brodent nos dramaturges, quelque drame clair, simple, dans un décor naturel... autant que possible.
« Pourquoi pas — et ce sera mon prochain scénario — une série de scènes rustiques que des interprètes de talent, nos meilleurs, joueraient dans un village en pleine vie, mêlés, s’il le fallait, à la foule et dont le jeu serait une harmonie naturelle.
« J'imagine très bien, à une telle action, l'infini d’un horizon, la précision d’un coin de ferme avec des paysans, de vrais paysans. }
« Comme artistes, par exemple, les acteurs siciliens, que nous avons applaudis à Paris, me paraîtraient très bien, pour des expressions frustes, élémentaires, évocatrices de passions brutales, naïves, religieuses.
« Oui, je vois parfaitement un acte rustique... »
« Pas de paroles, bien entendu, pas plus que de phonographe, le phonographe étant un appareil de pure reproduction. Et, d’ailleurs, à quoi servent parfois les mots? Regardez
un rassemblement au coin de la rue : comme tout ce pelil monde remue, s’agite, crée de la vie et s'exprime par dé gestes pitloresques! Si vous vous approchez, cherchant à savoir de quoi il s’agit et quelles phrases sont échangées, vol demeurez désolés de la médiocrité du scénario.
« Tout au plus, ayant déjà rêvé les formes les plus artis tiques du mouvement qui amusent en moi le peintre, serais-Îl charmé qu'un peu de musique accompagnât la trame de cë petites scènes, par exemple de curieux airs populaires, des mélodies exotiques dont le’ style serait un heureux complé ment. Le pavsage du décor, un peu gris — puisque noël n'avons pas la photographie en couleur — conviendrait à c@ gestes sans paroles, et la musique aussi serait discrète. »
Vous parlez d’or, poète, et nous ne demandons qu’à êlil émerveillés et à voir vos idées se réaliser sur l’écran.
Et puis, comme disent ces charmants sceptiques, à défail d'autres mérites, la lecture de votre jolie prose aura toujoul eu celui de nous faire passer agréablement une heure ol deux à la discuter en compagnie de gentes dames de coutuié et de mode...
Plus que jamais, il faut que le cinéma s'intéresse au choses de la mode et de la couture.
On ne devrait jamais nous mettre sous les veux, dans dé scènes de comédie ou de drame, que des artistes vêtues sul vant les dernières créations de nos maîtres ès chiffons et fai freluches, artistes du flou, et rois de la fantaisie féminine.
Les quelques cinés chics, vraiment chics de Paris, à vousl suivant vos préférences et vos goûts, de deviner lesquels % élaient, ces temps derniers, de véritables salons de couturês Ce que les veux de la Spectatrice ont vu? Dame, ils peuvent pas toujours être rivés sur l'écran... lui permet di déplorer souvent que la jolie toilette qui, à l’entr’acte, retiel un inslant son attention, n’avantage pas la grande vedette { film projeté. La plupart du temps, ces vedettes paraissent êlih habillées à la mode d'il y a... quelques saisons passées, nall rellement. }
Oui, oui, je sais. Îl se passe du temps entre l'exécutiol de la pièce et son édition. Et puis après? Qu'est-ce 4 empêche les artistes ou les metteurs en scène, je ne sais pas enfin celui qui a la responsabilité d’habiller les héros del pièce, de traiter avec des maisons de couture? Pas pour leti rossignols pour leurs créations. Les modèles lancés dans!l monde entier par le cinéma trois mois avant la mise en vente eh bien, mais voilà qui ferait « marcher le commerce À comme dit mon marchand de marrons.
Il fait si froid et c’est si bon la chaleur d’un cornet d marrons tout chauds à travers les gants.
Maïs voilà, je bavarde. je bavarde. l'heure passe votre patience aussi... et puis l'encre et le papier sont si chers Tout augmente... même mes lignes.
LuicrA REZZONICO DELLA TORRE:
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DAS PONS UNE ES. Il n’y a pas d'annonce sans importan£! dans le journal d’aujourd’hui. Il n’y en au
pas non plus samedi.
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