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18 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
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Les OBJECTIFS HERMAGIS
sont les SEULS qu'il est inutile de recommander aux Exploitants parce qu'ils leur sont DEMANDES par leurs Opérateurs
Établ!: HERMAGIS, Opticiens Const”, 29, Rue du Loubre, Paris (2°)
Adresse tèlégr.: Hermagis-Paris — Téléphone : Gutenberg 41-98
(Anciennement : 18, rue Rambuteau)
À RS EELELELELELELELELELELELELELELELELaEcaa
L'Union sacrée
On dit que le soleil luit pour tout le monde. Seulement, lorsqu'un quidam construit une maison, il a bien soin de la disposer de telle sorte que ses étages bouchent la vue du voisin et écrasent sa bicoque. On fait de beaux couplets sui les principes, mais on détonne en arrivant aux réalisations.
Des exemples? Hélas, toutes les branches de la cinématographie française en fournissent. Et je pourrais, paraphrasant un récent article de mon excellent confrère et ami Verhylle sur les « Regrattiers du Cinéma », parler ici d’éditeurs, de loueurs, d’auteurs, de directeurs, sans compter les artistes; mais je ne froisserai aucune susceptibilité et ne m'en tiendrai qu’à un tout petit détail de notre vie corporative.
Qu'on sache bien, toutefois, qu’en disant petit, je ne dis pas négligeable. Au contraire; mais on y songe si peu, si peu, qu'il paraît mince aux yeux d’un passant. Moi, je le trouve énorme. Et je pense à l’union sacrée.
Oh! soyez tranquilles, je n’entame pas une polémique sur les différends Daudet-Téry, Renaudel-Vidal, MayérasCapus. Je reste dans le domaïne corporatif, et je dis qu’en cinématographie l'union sacrée est une idée morte. Chacun ne songe qu'à tirer la couverture à soi. Tant pis si le voisin dort à la belle étoile et attrape une fluxion de poitrine... On travaille pour soi, on néglige l’intérêt général.
Aussi, ai-je de bonnes raisons de demeurer sceptique lorsqu'on me parle de la rénovation du film français.
Il faudrait, pour que je ne le sois pas, que je sente chez tous nos éditeurs, chez tous nos agents commerciaux, cette volonté unanime de donner la plus belle part aux auteurs français, aux artistes français, aux maisons françaises. Il faudrait encore que je constate que l'intérêt particulier se sacrifie à l'intérêt général. Mais rien de semblable ne m’au
torise à montrer de l’optimisme. Il pleut dans la cinématographie française comme dans nos ateliers de composition bousillés par la déflagration d’une torpille aérienne. L
Je fais ici de l'opinion et je dois la vérité à ceux qui m'honorent d’une lecture. Eh bien, tant que nous n’aurons pas forgé pour nous-mêmes une discipline sévère dans l’organisation de nos travaux comme dans l'application d’une méthode commerciale unique, nous ne ferons rien de bon.
Il est invraisemblable que nos groupements corporatifs prennent des décisions sans consulter, au préalable, le grou* pement voisin. Plus invraisemblable encore, l'éditeur qui connaît la pénurie de bons films comiques, qui veut en fabriquer, mais qui, lorsqu'on lui pose la question, ne peut dire combien de 300 mètres il sortira dans l’année?
L'union sacrée, c’est l’union de toutes les volontés dans le travail; c’est la cohésion de toutes nos forces; c’est la bonne confraternité.
Encore quelques heures et nous serons à l’aurore de demain. Comment voulez-vous que la journée soit radieuse si nous semons chacun de notre côté la tempête?
Il y a dans notre monde cinématographique des systèmes régulateurs : la Chambre syndicale, le Syndicat des Directeurs, le Syndicat de la Presse cinématographique. Les déci sions de ces trois groupements sont toujours empreintes de la plus grande sagesse et du plus noble souci d’impartialité. Pourquoi ne les observe-t-on pas? Pourquoi les votants d’une motion ou d’un ordre du jour, aussitôt sortis de la salle de réunion, se demandent-ils : « Comment tournerai-je le règle’ ment pour ne pas ébrécher le mur de ma petite propriété particulière? »
C’est bien français, dira quelqu'un!
Moi, Je prétends que c’est idiot et qu'il est urgent de jeter par-dessus bord toutes ces vieilles coutumes, néfastes à notre prospérité.
L. DRUHOT.