Le Courrier Cinématographique (June 1918)

8 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE OBJECTIFS Adresse Télég. : Hermagis-Paris 1". Marque PARIS 18, Rue Rambuteau Téléphone : Archives 24-59 NOS PREMIÈRES CINÉMATOGRAPHIQUES CRYSTAL-PALACE. — Présentation Harry. — Le PalaceConcert dé Ketty, comique. — Le Secret du sous-marin, 7° épisode : La Case de Fitzmaurice. — Les Quinze jolies filles d'Italie, comédie sentimentale. Et d’abord, pour commencer, vidons nos petites chicanes. Trop heureux je serai de me rétracter au cas — improbable d'erreur ou d’oubli. Pourquoi, à la vision des Quinze jolies filles d'Italie — vision enchanteresse! — nous laisse-t-on dans l’ignorance des noms des auteurs et metteurs en scène et des artistes. Combien nous serions heureux de pouvoir citer autrement que par des éloges anonymes, tous les bons ouvriers de ce beau film. Mais n’anticipons pas sur les compliments et procédons par ordre. D'abord le comique. Le Palace-Concert de Ketty est une farce réjouissante, conduite avec une allure endiablée par l’étourdissante et déguingandée Ketty. C'est du bon comique d’action et de mouvement adroitement conduit. Je ne reprocherai en passant qu’un petit détail mal exécuté. L'intérieur de la salle avec ses pauvres rangées de chaises est peu en rapport avec la luxueuse entrée du Palace et avec la grandeur de la scène où évoluent pour l’amusement de nos yeux un bataillon de jolies girls aux jambes nerveuses et pleines d’esprit. Tous les films à série fourmillent de clous et de tours de force. Mais il en est peu qui soient capables de rivaliser avec ceux que le Secret du Sous-marin met en scène. Dans le 7° épisode La Case de Fitzmäurice, coup sur coup, nous voyons une chute vertigineuse dans la mer et une formidable explosion qui réduit en poussière la case de Fitzmaurice. Que nous réservent donc comme émotions les épisodes suivant, si tant est que les effets suivent une courbe ascendante comme l’intérêt du scénario. Mais arrivons au petit chef-d'œuvre de cinématogra phie théâtrale qui réalise à l’écran le pendant de l'opérette à spectacle au théâtre. ù Les Quinze jolies filles d'Italie ont vaincu la difficulté de créer un genre. Voyons l’histoire, la charmante aventure gracieusé souriante et gamine tout à la fois. En langage vulgaire, bien des maris disent en parlant de leur femme : ma moitié. Cela provient de ce que le Père Eternel voulant punir Adam et Eve d’avoir malgré sa défense croqué le fruit de l’Arbre du Bien et du Mal, sous la néfaste influence du démoniaque serpent, dotà l'humanité d’une épouvantable calamité conjugale. A cet effet, il mit dans chaque orange du Paradis Ter” restre la destinée d’un homme et celle d’une femme: Ceci fait, il donna l’ordre à ses anges de couper chacune des oranges par moitié, et de les disperser ensuite sur le monde entier. En naïf philosophe, l'Eternel voulait que seuls soient heureux les ménages constitués par les deux moitiés de la même orange. Aussi, chaque jeune fille lorsque le jour de son mariage approche, caresse-t-elle lillusion de tomber sur la moitié d'orange parfaitement adhérente à la sienne, qui lui procurera le bonheur futur tan désiré. C’est à l'illustration vivante de cette fable que nou assistons ravis et amusés. Le jeune viveur Marcel en cure de repos sentimental à Spleen-les-Eaux, a rencontré son ami Max au milieu d’un essaim de quinze jolies filles. Un jour Max ayant raconté la légende des oranges joveusés compagnes, consent à remplir le rôle du Eternel, afin de les convaincre de la véracité de € anecdote. Chacune ayant sa moitié d'orange, l’essaie avec celle du marquis Marcel, mais aucune n’adhère. Comment se fait-il que l’on ne retrouve pas la moitié correspon” dante ?.…. Mystère... Cette moitié d'orange a été cachée par la plus jeune des fillettes, la petite Ginette, qui déja amoureuse de Marcel, n’a pas jugé bon d'essayer 54 moitié d’orange avec celle du marquis, de crainte que celui-ci ne la trouve trop jeune. En attendant, et sans s’apercevoir qu'il est aimé la plus jeune et gentille de l’essaim adorable qui pour à ses pere ette par