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Mais oui, c’est là tout à fait mon avis : Chacun son métier.
Certes, Monsieur l’Opérateur, ce que nous vous demandons, c’est de nous apporter de la vie, de la vie vraie, de la vie prise sur le vif, de la vie nn truquée; ce que nous attendons de vous, c’est que vous nous montriez comment on cultive le riz, comment on fabrique un jouet, comment on élève les vers à soie. Mais laissez-nous vous faire connaître nos besoins, ce qui répond à nos programmes, Ce qui doit tout au moins constituer la partie essentielle du film que nous commenterons on pas en « magisters parlant doctoralement », non pas « selon les méthodes d’un vieux et sec scolarisme », mais en instituteurs tout à fait « vingtième siècle ».
Et alors, on ne nous offrira pas des films dont l'intérêt ne me paraît ni primordial, ni palpitant, tel ce Fabricant de getas sur le compte duquel je n’ai jamais pu obtenir, de plusieurs employés, paraissant pourtant très au courant de leur affaire, aucun renseignement, si vague soit-il.
Chacun son métier, n'est-ce pas, Monsieur l’Opérateur ?
E. Ticer, Directeur d'école # Paris.
Notes d'une e Spectatrice
UNE DES DERNIÈRES DE MAUD
Je reviens du cinéma où, pendant l’entr'acte, j'ai habilement subtilisé le mignon carnet sur lequel mon amie Maud consigne ses histoires d’essence si parisienne.
Sans scrupule, sans vergogne, — quel toupet tout de même! — je copie la dernière, la folle dernière de Maud.
Voici ce que ses jolis veux pervenche ont vu :
Un boudoir chic, très parisien, tout parfumé et encombré de fleurs.
La maîtresse du logis, petite femme de théâtre très élégante et jolie. Elle s'habille, elle doït aller ce soir avec son « filleul », un fringant militaire, à la générale de F..... chut!.…
Coup de téléphone.
La femme de chambre arrive :
— Mademoiselle, c’est. Môssieu…
Elle prend le récepteur des mains de la soubreite.
— Allo! c’est toi? (Elle fait signe au « flirt » de se taire, car il proteste).
— Ce que j'allais faire?
— Mais, rien du tout, absolument, rien; soirée morne, comme toute celle que je passe loin de toi!
(Elle sourit et lance une æillade au filleul.)
ETS . .
LE CoURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
— Je n’entends pas bien…., tu veux...
— Ah! diner avec moi et aller au théâtre. (Elle hausse exprès la voix et fait une affreuse grimace.)
— C'est gentil!
(Puis regarde, amusée, le « filleul » qui fait des gestes désespérés.)
— Tues libre, ce soir. Quelle chance. (Elle agite nerveusement son pied ganté de soie, et, câline : C’est ça, à tout à l'heure.
— Je suis prête. Mon chapeau à mettre.
— Mais oui. J'entends le baiser.
(Elle hausse les épaules.)
— À bientôt.
Excédée, elle met l'appareil en place et délivrée, enfin, s’écrie en éclatant, rageuse :
— Zut, zut! Quelle sale invention que le téléphone. Vous avez entendu, mon cher, partez vite. Notre soirée, gâchée! Ah! la vie!
Baisers, regrets, excit…
Quelques instants après, l'ami de Mlle X..., des « Délacements instantanés », est introduit auprès d’elle. Galant, empressé, il l'entoure de mille prévenances.
Dîner, théâtre, bonbons, fleurs, serments, mots d'amour; puérilités, regards admiratifs, adoratien muette... Toute la Lure.
Vers minuit, après les somptueux défilés, les danses, autre spectacle, autre musique.
Paris la nuit, un soir d'alerte, nul taxi (depuis la crise d’es sence, Monsieur n’a plus d'auto). Le canon gronde, c'es! l'attaque.
Très embêté, Monsieur semble moins amoureux, moins em’ pressé, soucieux de trouver une voiture dans l'avenue des Champs-Elysées, toute noire, lugubre et déserte.
Il grommelle, il pense à son retour problématique, dans la nuit sombre, pleine de périls, à ceux qui vont s'étonner de sof absence à un tel moment, à l’alibi qu’il faudra trouver, au* conséquences graves de son escapade, aux auestions posées, À la scène qu’il aura, dès demain, avec sa belle-mère et surtout aux moyens qu'il va emplover pour rentrer sans encombré: sans danger chez lui, un frisson l’agite, il est devenu nerveu* injuste, agressif presque.
Soudain découvrant à prix d’or un taxi qui rentre, il l’ins talle malgré elle, jette son adresse et fuit, rapide...
Restée seule, la petite femme a un souvenir plus précis, elle sourit et, se parlant à elle-même, murmure dans la voiture *
— C’est rigolo de penser qu’avec tous, c’est la même chose, fêtée, entourée, adorée, désirée, je suis là dans la rut toute seule; philosophe, elle ajoute : C’est égal les civils, quels mufles, heureusement que les poilus nous restent...
Hein! Voyez-vous les nettes appréciations de Maud, son! elles les vôtres?
Mais, vite que je remette son carnet en place avant qu’elle s’aperçoive de ma petite rapine.
LuiciA REZZONICo p. T.