We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.
Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.
6 LE CoURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
l'homme de la première Marne, celui du Nord, de Champagne et d'Artois. celui de Verdun, celui qui te criait le matin, debout, magnifique, splendide dans son uniforme délavé : « Îls ne passeront pas! »
« Îls n’ont pas passé, grâce à lui.
« Ne l’oublie pas, petite Française, et malgré l'air sombre parfois du soldat français, qu’il soit toujours, qu'il reste ton préféré, tu le lui dois bien. Fais-lut bonne mesure de sourires et de frais bonjours.
« Tu es coquette, c’est entendu, les uniformes bien coupés sont plus sevants à l'œil. Il v a des teintes qui chantent mieux que les autres sous le soleil. Néglige-les pour celle qui doit t'être la plus chère, elle a, celle-là, la couleur des veux des épouses et des mères qui ont trop pleuré...
« Et puis, songe que si l'uniforme français est moins brillant, c’est que voici quaire années qu’il a tout supporté : Le froid, le chaud, le soleil et la pluie. la pluie, surtout.
« Je suis loin du cinéma? Pas tant que cela. C’est de l'actualité et je suis certaine que si les services de l’armée montraient au public la différence d'accueil qui est faite aux trains militaires dans les gares selon la nationalité des soldats, les Françaises se rendraïent mieux compte de ce que leurs préférences marquées peuvent avoir d'irréfléchi et de pénible.
« Maïs non, je me trompe, je m'abuse, je suis dans mes mauvaises lunes. N'est-ce pas, que la vogue du bleu horizon m'est pas encore passée 2...
« Et dites-moi vite que le succès du Poilu, dans le cœur des Françaises, est plus ancré qu’une jolie mode dans leur petite cervelle enthousiaste. »
LuicrA REZzZoNIco D. T.
Une Troupe ; On metteur en scène
On épiloguera pendant un temps indéfini sur les causes de la crise du cinéma français, sur la rareté de la production, sur sa médiocrité, le manque de débouchés, les difficultés d'exportation, le rapport insuffisant des capitaux engagés, etc.
On a bien débridé la plaie; donc, on la connaît. Mais le désaccord de nos médecins est grand s’il s’agit de rédiger l'ordonnance curative. La consultation est interminable: et pendant qu’elle dure, le mal du patient se prolonge aussi et s’envenime.
Il conviendrait, si l’on a le ferme désir de guérir ledit patient, dé lui appliquer un autre remède que des discours. Cette thérapeutique, bonne au temps de Diafoirus, à fait son temps.
Prenons les choses par le commencement (c’est par malheur ce qu'on néglige la plupart du temps) et rappelons-nous que, pour exécuter un film, il faut de la pellicule et des artistes.
Oui, oui, je vous entends, c’est une lapalissade! Mais, écoutez-moi seulement une minute et vous jugerez que M. de La Palice n'était point si bête.
La pellicule, je n’en dirai rien pour l'instant, sauf qu’il est difficile de la trouver en abondance; et parlons des artistes.
Les artistes sont mes amis. Aussi souffriront-ils qu’en cette qualité je leur serve quelques vérités.
Quand j'ai réclamé, ici même, la constitution de troupes cinématographiques, beaucoup m'ont répondu : « C'est impossible, le cinéma n’est pas suffisamment rémunérateur. Il ne sera jamais pour nous qu'un appoint à nos diverses occupations du théâtre ou du café-concert. »
Cette erreur, entretenue depuis longtemps, m’apparaît comme la raison primordiale de la médiocrité de notre production. Naturellement, j’excepte quelques films atteignant presque la perfection, mais trop rares; ils fournissent néanmoins la preuve de nos capacités artistiques dans les œuvres de l’écran et nous font regretter davantage que l'effort qu’ils proclament ait été sans lendemain.
Au fait, M. Charles Pathé, avec la haute autorité devant laquelle nous nous inclinons, n’a-t-il pas affirmé lui-même, dans sa fameuse Etude sur l’évolution de l'Industrie cinématographique française, que l’artiste « doit être indépendant de toute obligation: il ne pourra pas donner toute sa mesure s’il doit régulièrement jouer au théâtre, apprendre ses rôles, les répéter, etc. Toutes ces occupations, qui ne lui permettent pas d’être toujours présent aux heures fixées ou d’être constamment et à toute heure à la disposition du metteur en scène, sont incompatibles avec celles que le cinématographe réclame de lui. Un artiste n’a pas la possibilité de mener de front le théâtre et le cinéma. L'expérience en a été faite en Amérique, où toutes les célébrités de l'écran ont dû abandonner le théâtre lorsqu'il était leur profession ».
Bien qu'il ne le dise pas explicitement, on sent que M. Charles Pathé est tout à fait partisan de la constitution de troupes cinématographiques.
Le système de la vedette, rien que la vedette, tout pour la vedette, a vécu. Et le film tourné par la plus réputée de nos gloires artistiques ne vaudra pas grand chose, si les partenaires de Mlle X... sont des mazettes, recrutées n'importe comment et ne connaissant rien du cinéma.
Donc, des troupes spécialisées. Mais si bonnes qu'elles soient, elles ne feront pas de bon travail sans un commandement unique.
J'ai nommé le metteur en scène qui a la charge écrasante de régler et de diriger l’exécution du film.
Une discipline absolue doit régner dans les théâtres de prises de vues. Les artistes, abandonnant leurs opinions personnelles, se soumettront aveuglément aux indications données par leur chef. Il n’en faut plus, de ces discussions entre artiste et metteur en scène :
— Faites ceci.
— Mais, voyons, mon effet sera gâché!
— Je n’en ai pas besoin.
— Oh! Et ma réclame...
Etc. etc. à
Le jour où l’on ne perdra plus son temps à ces vaines parlotes, la cinématographie française progressera à grands pas.
L. DRUHOT.