Le Courrier Cinématographique (December 1918)

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LE CoURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE Notes d’une Spectatrice | a FARS, MAQUICLAGES, VIRAGES ET TEINTURES Etre belle! Que ce soit au théâtre, au cinéma, sur la scène, à l'écran ou... à la ville, ce n’est pas un Art, c’est un don... On l’a ou on ne l'a pas. Combien d’actrices, combien de femmes élégantes ne sont jolies que parce qu’artistement maquillées!… — fardées, teintes ou peintes, c’est entendu, vous voyez, je vous faïs bonne mesure d'expressions désobligeantes… Pour beaucoup, quelque peu disgraciées par la nature, — personne n'est parfaite — tout leur talent réside dans cet Art qui est, non pas tant dé réparer des ans ce que vous savez, que d’agrémenter, atténuer, avantager, dissimuler, ornementer el parer ces petites créatures du bon Dieu que nous nous plaisons loule$ à vouloir être... — Hé, Messieurs les Censeurs sévères! malgré vos airs farouches, le fard, le maquillage sont d’abord une Sc‘ence qui tient de la Khabale et de l’Alchimie puisque c’est dans leurs creusets que se forment les élixirs d’éternelle jeunesse, et un Art qui a ses classiques — sur toutes les scènes subventionnées — ses indépendants et ses. futuristes… Vous souvenez-vous des perruques de couleurs? Mais en abordant-ce chapitre, je me vois menacée des foudres aui se concentrent sous plus d’un crâne au cheveu indigent! Des perruques de couleurs! Comment! Peut-on concevoir une horreur pareille! Se décolorer le cheveu, se le teindre, et le faire passer du noir indigo au blond vénitien, quel schisme…. quelle calamiteuse hérésie! Et cela est, pourtant... et non seulement au théâtre, mais encore à la ville — et au ciné... Au ciné, la mode en est au perruques blondes. toutes sont blondes. toutes veulent être d'un blond doré, mousseux. Parfait, très bien, j'applaudis des deux mains à cette volonté d’être belle mais…., mais, comme le faisait remarquer dernièrement un de nos amis, metteur en scène, c’est fort bien de soigner la tête, mais il y a aussi les extrémités à ne pas négliger. Après le portrait. il v a les mains... et jamais les artistes, et les autres, n’apporteront assez de soins et d'attention au maquillage des mains... à la scène, à l'écran. et à la ville, si elles veulent que leur auréole soit durable. Combien de princesses de l'écran ont, par de fâcheuses grosses projections de mains en premier plan, gâché leur popularité. — Regrettable, persifle un admirateur.… Elle possède un port de reine et des mains de charbonnière… — Bah, alténue un autre. c'est qu’elle est princesse au Rovaume des Pattes sales. Faute de savoir se maquiller! Allez, je vous le dis, en vérité, une chaire de maquillage, de teintures et de virage — oh! une chevelure viré sépia, c’est ça qui serait chouette! —— un cours de fards, un salon de manucure s'impose au Conservatoire — Institut de Beauté plénière. Ce qu'il devrait être, d’ailleurs. LuiciA REZZoONICo D. T. LES RÉFLEXIONS DE JIM BUSINESS La pomme Calville Vous savez que les fruits « n’ont pas donné » cette année. La guerre, les restrictions, le manque de bras. Aussi ma cuisinière se lamente-t-elle car, pendant mes permissions de détente, je réclame toujours, à cette époque de l’année, de ces bonnes pommes que les journaux dans leurs rubriques, Cuisine de. guerre, nous conseillent de consommer. quand il y en a. Or hier, surprise, sur la table j'avise une corbeille de pommes, mais des pommes de rien du tout, aux couleurs ternes. — Ces pommes, dis-je à ma femme, pas belles, hein! — Comment, pas belles? Mais ce sont des Calvilles! — Des Calvilles? Tu te meques de moi. Et, prenant un air doctoral, je fis un cours de pomologie : la Calville a la peau jaune clair brillant, avec de grandes taches d’un rouge vif. Ces pommes qui sont là sont d’un jaune sale et à peine rosées par places. Ce sont des imitations, de vulgaires erzats, des pommes cue:llies sur les pommiers que plantent les ponts et chaussées le long des routes pour inciler les passants au vol. Et, devenant lyrique, je parlais en vers : Elles sont ramassées sur le bord des chemins Et font’honte au vendeur qui les vend chez Potin. « Mais ces pommes, me dit ma femme, sont très belles. Elles manquent seulement un peu de présentation. Tiens, regarde. » Et, saisissant une des pommes, elle frotta avec sa servietle, frotta comme seule une femme sait frotter. Puis elle pril un morceau de papier de soie, elle le tortilla autour du fruit, posa le lout sur une assietle, et j'eus devant les veux une magnifique pomme Calville, reluisante, brillante, rouge vif ici, jaune d’or par là. Du coup, mon lyrisme tomba. « Voilà, me dit ma femme; je pense en faire autant avec les autres. » Je fus illuminé : l'apparence des articles à vendre, le preslige qui en résulte; la fausse présentation de la publicité; l’art de faire miroiter aux veux du public dans un journal, dans un catalogue, dans le magasin, au cinéma, l’objet qu’il hésite à acheter. 5 Toutes ces questions traversèrent mon esprit. Ces modestes pommes me plongèrent dans un abîme de réflexions. Tout peut gagner à être bien présenté. Une annonce bien faite qui aitire l'attention et donne confiance, Le sourire d’une vendeuse, l’amabilité d’un contrôleur de cinéma qui est un des éléments d’achalandage de l'établissement, la complaisance d'un patron, tout cela est présentation, tout cela concourt à un seul but : conquérir le client, le retenir, créer autour de lui une atmosphère de sympathie. Oh! Pomme aui fut cause de la chute de notre mère Eve, je te réhabilite dans la pensée des hommes. Jim Business.