Le Courrier Cinématographique (Feb 1919)

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10 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE — | A PROPOS D'UNE PREMIÈRE Sacha Guitry, qui est un de nos auteurs les plus spirituels, vient d’oser mettre à la scène la vie d’un grand homme du siècle. Cette audace mérite d’être encouragée. Elle est l'œuvre d’un bon Français et d’un honnête homme. Au moment même où Paris est la ville la plus cosmopolite qui soit, où certains auteurs prétendent qu'il faut des revues à grand spectacle, des situations plus que douteuses, des mots presque grossiers et sales, Sacha monte, avec la collaboration de son père, une pièce purement française par l’esprit et par le cœur. Il ouvre une voie qui devrait donner à réfléchir à nos éditeurs de films qui se plaignent à juste raison de la pauvreté des sujets qu’ils ont à traiter. Ne serait-il pas beau, ne serait-il pas grand de rechercher dans l'Histoire moderne les hommes qui ont élevé l'Humanité et de reproduire leur vie au Cinéma? Je ne veux pas faire un parallèle entre le Pasteur de Sacha Guitry et un autre Pasteur qui aurait été fait au Cinéma. Ce serait, d’abord, manquer de tact et, en outre, les deux arts, Théâtre et Cinéma, ne se comparent pas. Il est certain que si l’on traite un sujet génial comme Pasteur, la parole est indispensable pour rendre toute l'émotion, toute la sincérité de l’œuvre. Mais il y a de grands hommes qui ne se contentent pas d’être de grands penseurs, qui sont aussi des hommes d'action. Je suis surpris que le Cinéma ne nous ait pas retracé la vie de certains d’entre eux dont le nom seul, marqué par l'ampleur de leur œuvre ou de leur génie, illumine l’Humanité dans toutes les mémoires. N'oublions pas qu’ils font partie du pairimoine que nous ont laissé nos ancêtres. On me dira que le public du cinématographe aime surtout les aventures, les drames modernes, les comédies et les « Charlot ». Non ! Ce sont les exploitants qui soufflent cette réponse, et j'ai le droit de ne pas être de leur avis. Îl suffit d’aller quelquefois dans un cinéma pour se rendre compte qu'ils se trompent souvent, et que tel film sacrifié obtiendrait le plus de suffrages. Je soutiendrai mordicus qu’un film reproduisant la vie de Mirabeau, par exemple, obtiendra un légitime succès de curiosité et une attention soutenue de la part des spectateurs. Prenons cet exemple de Mirabeau comme nous prendrions celui de Curie, ou d’Elysée Reclus, si vous voulez. Chacun a entendu parler de Mirabeau, chacun sait qu’il fut un des principaux acteurs de la Révolution, certains connaissent son rôle, d’autres sa vie, ou ses lettres à Sophie. Vous m'accorderez qu’on se dérangerait volontiers pour voir revivre à l’écran une si grande figure. Maintenant. nous attendrons peut-être que l'étranger nous prenne ces sujets, de même que jadis le Boche fabriquait tous nos articles de Paris et notre champagne. La France à prouvé par une victoire d'idéal la supériorité qu'elle avait sur un peuple d’esclaves. Car, dans la vie, il faut bien le constater, la recherche de l’individualité est seule capable de créer des cerveaux, des génies. Nous avons Û HR SUR p EM ut admiré l’organisation de nos ennemis: tout était prévu, 10 était combiné. Qu'est devenue cette organisation le jour © un seul homme, mais un homme de génie l’a prise à la gorgt Le Cinéma rendrait donc un service à la Patrie en immof talisant par l’image animée, dès aujourd’hui, les grand figures qui se sont imposées à notre admiration. Nous me ferions que leur rendre un juste hommage et nous garderlol® pour la prospérité, grâce aux nombreux documents qui figurent dans les archives cinématographiques, les faits précis et événements heureux qui ont entouré leur gloire. ; Avec l’autorisation de celui qu’on voudrait ainsi glorife/ il serait possible de donner au public un film retraçant sa Ca” rière. Il ne s’agit pas ici, comprenez-moi bien, de faire la réclan d’un homme, et de le rendre si populaire qu’il serait caP4P! de menacer la République. Si cette crainte venait à prendre corps, rien ne serait plus facile que de conserver pieusemel : ce film jusqu’à la mort de celui qui en serait le héros, de même que les articles sont conservés dans les rédactions, prêts à être publiés, au décès des intéressés. Un film ainsi constitué aurait toute la sincérité, toute Je vérité nécessaires à une œuvre qui ne serait que l’histoire d'uf homme. Quand nous relisons la vie de certains héros, dal différents ouvrages très documentés et rédigés avec le plus grand souci du vrai, nous sommes surpris d'y trouver de 1% grantes contradictions et même de grosses erreurs. f On nous dira que bien peu d'hommes sont dignes d'êll® honorés de la sorte. Il n’est pas douteux que le Cinéma o reproduirait pas la vie de tous ceux qui, à des titres différenl sont entrés ou entreront dans l’Immortalité, Mais un dl Le peut être judicieusement fait et le Cinéma comme le IV comme le théâtre, n’aurait d’autre but que de faire connaiti® au peuple la vie de celui qui aurait le mieux mérité son amol et sa reconnaissance. à Il faudrait évidemment se garder de tomiber dans un eX* contraire. La vie de certains parlementaires, de certains ind0* triels connus, n’est guère intéressante que pour eux ! En tous cas, ne laissons pas à d’autres le devoir d’hono!*! à notre manière, et avec les moyens dont nous disposons é gloires les plus pures de notre pays. Vous verrez que si 19%, n'y mettons pas bon ordre ét si nous ne nous y prenons P4ÿ temps, on importera bientôt sur le marché un film, Clémer ceau. Et je souhaite que l'exemple donné par Sacha Guitrÿ so) _suivi au Cinéma. On disait autrefois qu’il fallait plus d siècle de distance pour reproduire la vie d'un homme théâtre. Sacha, qui n’en est pas à une innovation, vient d nous prouver triomphalement le contraire. Je ne réclame pas des films historiques qui n’ont souven d'intérêt que pour le pays éditeur, mais la reconstitution CP matographique de la vie de certains hommes dont le cara® tère, les vertus, la valeur, n'appartiennent pas seulement une nation, mais à l'Humanité toute entière. E.-L. Fouqu£f D