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LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE 7
lle nous est présentée. Ouvrez le Larousse : le Canevas est exposé en quelques lignes. C'est le point de départ que Flaubert lui-même a dû se poser dans Ses premiers moments de méditation. Et qu'on juge Combien ce canevas, mais j'appuie sur le mot, ce canebas est, ainsi que je l’ai dit, sec et sans couleur!
Quant à la question de savoir si Madame Bovary beut ou doit être mis à l'écran, je n’ai qu’à demander à Flaubert lui-même de répondre à la question.
Ce dernier est un de nos contemporains. Il vient d'écrire le canevas de Madame Bovary. I sait bien entendu ce qu'il peut attendre de son intelligence Dour le développer. Qu'est-ce qu'il choiSa comme moyen d'exécution? La plume ou l'écran? Est-il possible d'admettre qu'il hésitera ? — Alors? Quelle est la conclusion? — En retraduisant Pour l'écran ce que Flaubert a ciselé par la plume, Nous ne pouvons logiquement qu’affaiblir sa pensée. Avons-nous le droit d'être plus malin que l’auteur lui-même ?
M. J. Joseph-Renaud me cite une phrase de Flaubert à l'appui de sa thèse. Est-ce que mon très aima
le confrère ne triche pas un peu, sans s’en rendre Compte? Parbleu, au lieu d'écrire très banalement les mots Fondu, Surimpression, voilà qu’il m’étourdit ävec la phrase ciselée du grand écrivain. Mais rien ïe me prouve que la surimpression que je ferai pour lui obéir, me donnera une idée de la phrase chantante qu'il a citée. Lui-même commentant la pensée de Flaubert, se sert d'expressions fort élégantes pour m'expliquer cette surimpression. Il oublie que, orsque j'aurai exécuté ses instructions, je serai en Présence d’un moyen cinématographique fort connu et que je n’ai pas le droit de compter sur l'élégance de son style pour suppléer au manque de nouveauté de l'exécution. |
La citation de mon confrère, à mon avis, loin de Combattre mes idées, les sert à merveille.
Il faut faire très attention, lorsqu'on a la plume facile, de ne pas écrire son scénario en termes trop littéraires. On est exposé à des déceptions. On a une tendance, en effet, à voir la situation qu'on veut peindre, non pas telle qu’elle sera dans le silence de la
Projection, mais sous la forme trompeuse de phrases àäppelées à disparaître.
C'est l'erreur que mon confrère commet en restant Sous le charme d’une tirade qui plaît à ses instincts de lettré au point de lui faire oublier ce qu’il en restera lorsqu'elle sera traduite.
Me voici ramené à mon point de départ. Que doit être un canevas cinématographique? Eh bien, il doit être concu de telle manière qu’on sente, dès le premier embryon, que la thèse qu’on veut soutenir, que le caractère des personnages qu’on veut montrer, ressortiront aisément de l’histoire qu’on a choisi dans l'ébauche du début. Et, cette histoire, qui doit se dérouler dans l’action, sera, à son origine, simple, claire, compréhensible, sans le secours du moindre artifice.
Voulons-nous voir Forfaiture. Nous aurions tous écrit, dans le premier jet, si l’idée de cette pièce nous était venu à l'esprit, ceci : ;
« Trois personnages : Un mari, sa femme, un « amoureux. Le mari, un financier, aimant sa femme « mais la négligeant, en travaillant avec. acharne« ment pour son bien-être. La femme, coquette, folle « de toilettes et d’atours. L’amoureux, épris au point « d’être capable de tout pour assouvir sa passion.
« Le faux pas : La femme, pour satisfaire ses « goûts, est entraînée à commettre une indélicatesse « qui aurait pu ne jamais être connue mais que la « fatalité rend tangible. L’enchaînement : L’amou« reux peut la sauver mais au prix de son déshon«neur. Le scandale serait tel qu’elle accepte le mar« ché. Le coup de théâtre : Au moment de payer, son « mari la sauve. Elle se croit quitte en remboursant. « La brute furieuse veut la prendre à toute force. Un «revolver. Elle tire. Le mari intervient. Il passe pour « l'assassin. Il est en prison. Il défend à sa femme de « parler. La brute, pour se venger, se prête au «mensonge. Le mari va être condamné. La femme, à « bout de forces, prouve l'innocence de l'époux. Le « méchant sera puni et le bon récompensé ».
Qu'on me pardonne le rappel de cette pièce archiconnue |
Mais puisqu'on cite toujours cette œuvre comme modèle, qu'on veuille bien considérer combien le scénario qui en est le point de départ, est simple en lui-même, et combien aussi, il se prête, dans sa base même, à l'explication des-caractères, par l’action, par l’action seule.
Ce que le metteur en scène en a fait, par les détails, c’est une autre affaire sur laquelle nous sommes tous d’accord. |
Mais encore une fois, je ne parle pas de l’œuvre, je parle du scénario.
Eh bien M. J. Joseph-Renaud me dit que Forfai
ture a aussi bien plu à la foule de Grenelle qu’à celle