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6 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
Beaumarchais (Etablissements Gaumont), Vidal, Maurice Gallio, Messie, Champagne, Bloch (de Creil), Van Tichelen, Bourry, Noël, Poupart, Darny, Brunet, G. Parizot, Ténégal, Salivas, Nacu, Mondier, Berthollet, Sollat (Cinémas Electric), Sylvestre, Saverne, Blondeau, Bouchard, Devier, Chaponnet, Garemin, Rüfard, Javouet (représentant M. Sandberg), Ferret, Rosenwaig, Leydet, Destannes et Silly.
Les membres du Syndicat qui n’assistaient pas à cette mémorable séance ne sont donc point engagés, puisqu'ils n’ont point voté la motion. Ils auront toutefois la faculté de prêter serment par correspondance.
Plusieurs assistants ont, en effet, manifesté une certaine inquiétude. Ils ont demandé par quels moyens on obligerait les absents à respecter les décisions prises par leurs collègues syndiqués et organisés. Grâce à la prévenance tutélaire du Président, ces Messieurs n’auront pas à se déranger, on leu: enverra un petit bulletin d'adhésion qu'ils n'auront qu'à signer. s'ils le jugent à propos.
Seuls, les Directeurs indépendants, qui représentent heureusement la presque totalité des Fxploitants Français, garderont intacte leur liberté. Seuls, ils auront la faculté, sans risquer de faillir à la parole
donnée ou d’encourir une coûteuse amende de faire :
usage d’affiches-programmes d’un format à leur choix pour leur publicité;
De pavoiser tous les murs de leur quartier de lithos vendues par les maisons de location;
De souscrire aux desiderata de leurs musiciens, s'ils les estiment légitimes et compatibles avec les capacités financières de leur établissement ;
D'emplover un piano ou un grand orchestre à leur choix ;
De régler leurs affaires commerciales personnellement, au mieux de leurs intérêts.
En un mot, ils pourront seuls, employer tous les éléments de succès d’une salle de spectacle cinématographique, en dehors de toute immixtion tyrannique, fut-elle syndicale.
Mais il me semble que les Directeurs indépendants ne sont pas trop mal partagés!
Lorsqu'ils se trouveront dans un quartier quelconque en présence de concurrents syndiqués cons
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cients et organisés, ils auront tôt fait de leur faire mordre la poussière, puisqu'ils disposeront de toutes les ressources possibles pour attirer le public dont leurs collègues se seront volontairement privés pour tenir des engagements pris un peu à la légère.
Eh bien, si j'avais pris à tâche de démolir le Syndicat Français, je n'aurais pas agi autrement. De telles décisions, en effet, ne peuvent pas être respectées, car les intérêts commerciaux de chacun des membres du Syndicat sont trop souvent antagonistes. Quoiqu'on fasse, on ne pourra jamais les rendre parallèles et chaque fois qu’on essaiera semblable manœuvre on ne réussira qu'à diminuer la force du Syndicat qui finira par sombrer dans le ridicule.
Pourquoi vouloir tout unifier. Il est des questions d'un ordre général qui sont susceptibles de rallier tous les suffrages et pour lesquelles les Syndicats ont précisément été créés. Il en est d’autres qu’il importe d’écarter soigneusement sous peine de verser dans la plus désastreuse erreur.
Le Syndicat aurait pu protester comme un seul homme contre la Censure d'Etat dont on sentira bientôt le poids. Cela eût été parfait et surtout parfaitement opportun.
En essayant d'imposer à ses membres une discipline tyrannique et sans objet, il s’embourbe définitivement et se frappe lui-même d’impuissance.
Aujourd’hui cinquante membres, sans autrement réfléchir, ont signé des engagements qu’ils ne pourront pas tenir; demain ils reprendront leur liberté et ils auront définitivement perdu toute confiance en leur Conseil d'Administration.
C'était bien la peine assurément de faire tant de bruit, de tant parler, de noircir tant de papier pour en arriver là. Devant tant d’inconscience ou de maladresse, il n’est point douteux que les directeurs finiront par se lasser. Ils se rendront compte de l’inanité d’un effort mal dirigé et resteront chez eux. C'est la décision que je les engage à prendre. Du moins, ils gagneront du temps et le temps ne l’oublions pas... c'est de l’argent.
CHARLES LE FRAPER.
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