Le Courrier Cinématographique (Feb 1920)

60 LE CouURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE bons antécédents et tenant compte qu’il n’a agi qu’à l’instigation d’une femme aimée, Reverton l’a acquitté. Or, depuis quelques jours, ce même Barlow est inculpé d’assassinat sur la personne du Colonel Warren, ami personnel du Président, auquel dit-on, il a volé des bijoux d’une valeur inestimable. et Reverton se considère comme responsable du meurtre de son ami. Les journaux blâment ouvertement cette clémence qu’ils qualifient : coupable! Les belles idées de Reverton sont ébranlées son cerveau surmené menace de sombrer dans la folie, il est hanté par la vision d’un tourbillon fantastique, en lequel évoluent les gens qu’il a condamnés... Sur les conseils de son ami, le Docteur Comyns, criminaliste distingué, Reverton va se reposer dans une petite station des Montagnes Rocheuses où se trouve déjà le neveu du colonel Warren, William Davis, un jeune viveur, qui espérait bien hériter de la fortune de son oncle, mais qui a été déçu, ce dernier ayant laissé tous ses biens à une jeune fille avec laquelle il devait sous peu se marier. Sur ces entrefaites, arrive à la station de repos des Montagnes Rocheuses, une jeune femme très élégante dont la beauté fait sensation et qui s'inscrit sous le nom de Nelly Corbin. Davis fait une cour assidue à la nouvelle venue, qui ne le décourage pas, mais qui montre cependant une prédilection pour Reverton. Le Président est toujours hanté par ses lugubres visions. Un jour même, il se précipiterait dans l’abîme si Nelly, qui chasse dans le voisinage, n’attirait son attention en simuJant un accident. Reverton se porte à son secours; le drame auquel Nelly a assisté restera ignoré de tous, mais la sympathie qu’elle éprouvait pour le Président évolue peu à peu vers l’amitié et quelques semaines se sont à peine écoulées que Reverton et la jeune femme sont devenus inséparables. Un jour, le Président demande à Nelly son avis sur laffaire Barlow et soudain, le front de la jeune femme se rem — brunit.. Elle feint l'ignorance et Reverton lui raconte les faits. Or, Nelly Corbin est en réalité Maud Jenkins, la bellefille du tenancier d’une maison de jeu où fréquentait Barlow. Ce dernier l’aimait et c’est le tenancier qui, par deux fois, l’a poussé au crime. Maud a reçu les aveux de Barlow; il a juré qu’il n’avait pas tué Warren, et aux yeux de la jeune femme, le véritable coupable est son beau-père. Elle a d’ailleurs prouvé la haine qu’elle lui a voué en l’abandonnant, honteuse de l’abjection dans laquelle elle a vécu jusqu'alors et elle est bien décidée maintenant à refaire sa vie dans un milieu honnête. L’évocation du Président trouble Maud, toutes les phases du drame, tant chez le colonel qu’aux assisses, passent devant ses yeux et elle comprend que Barlow n’est pas le seul à subir les conséquences de son acte, que Reverton en est aussi la victime et non la moindre; aussi, lorsque le Président lui avoue amour qu’elle lui a inspiré et lui demande de devenir sa femme, accepte-t-elle avec joie cette proposition, bien décidée à élucider complètement le mystère de la mort de Warren. Mais Davis avait lui aussi conçu l’espoir d’épouser Nelly. Ii lui reproche de lui avoir préféré Reverton et la jeune femme s’empresse de lui promettre qu’elle restera son amie. Nous retrouvons les Reverton chez eux, à New-York. Le Président vient d’offrir à sa femme les perles qui lui viennent de sa mère: ils attendent tous deux l’arrivée du Docteur Comyns, que Reverton veut. présenter à sa femme. Dès l’abord, Comyns reconnaît en Madame Reverton un visage déjà vu et, suivant son penchant de criminaliste, il recherche dans ses fiches et parvient à identifier la jeune femme. Il la fait prendre en filature et convoque Reverton auquel il dévoile la vérité. A son avis, Maud Jenkins a agi avec une suprême adresse, en se faisant aimer de celui qui devait être un jour son juge. Maud s’est aperçue que Comyns n’allait pas tarder à la I