Le Courrier Cinématographique (Mar 1920)

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34 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE UNION ÉCLAIR 31 MARS EVE FRANCIS L_ A FETE EXAUN LOUIS NALPAS — NICE t-il pas de même de la production cinématographique étrangère si on nous la montre toujours, exclusivement. Je suis loin de dénigrer les qualités des œuvres américaines ou italiennes que l’on nous présente avec une telle abondance chaque semaine. L’exécution est souvent parfaite, les acteurs sont généralement choisis et on sent que rien n’a été épargné pour faire du beau travail. Pourtant vous ne tarderez pas, Messieurs les Directeurs, à trouver qu’il y manque une âme. Cette âme vous la chercherez dans les rares films français qui sont soumis à votre appréciation et vous la trouverez. C'est pour que cette âme vive que nous avons lutté pendant cinq ans, dans la boue, dans l’angoisse, dans la haine d'un peuple qui ne la comprenait pas, cette âme! Alors, dites-moi, ne croyez-vous pas qu’un jour les spectateurs qui sont vos clients ne se permettront pas de vous la réclamer cette âme qui aura complètement disparu de vos programmes parce que vous l’aurez négligée. Oh! je le sais bien involontairement ! Ce jour-là il sera peut-être trop tard. À notre époque, les sacrifices sont difficiles, on peut faire quelques efforts, mais on est forcé de s'arrêter si l'effort est stérile. Les efforts, on les a tentés. De beaux films français ont été mis à l'écran et parmi ceux que j'ai vu, il me convient de citer: La Sultane de l’ Amour, L’Ami Fritz, L’ Appel du Sang, Le Dieu du Hasard, La Croisade, Le Penseur, La Rafale. Vous n’avez plus le droit de dire: il n’y a pas de films français et c’est pour cela que nous ne pouvons pas les passer. Mais il vous faut montrer de la bonne volonté; vous devez, aussi, tenter un effort. Vous devez desserrer un peu les cordons de votre bourse. vous devez avoir un geste de reconnaissance pour un film de votre pays qui représente mieux qu'aucun autre les goûts, les mœurs, les idées de vos clients. C’est un cadeau que vous allez leur offrir, c’est un objet de luxe, soit. Ce que nous réalisons ne vaut-il pas d’être un peu remarqué. Depuis quand avez-vous acheté un vase de Sèvres au même prix qu’un vase d’une manufacture étrangère? On dit toujours: « Si je veux avoir quelque chose de beau, d’élégant, de solide, je vais acheter un article français ». Messieurs les Directeurs de Cinéma, il en est de même pour le film français, c’est un article qui n’est pas pareil aux autres, qui se distingue de l’ensembie de la production mondiale. Il n’est jamais fait à l’emporte-pièce, à la commande, pour le besoin d’alimenter un énorme marché. Son exécution a été dirigée par un seul homme qui avait un esprit pour le guider et c’est pourquoi ce film a une âme. Vous n'ignorez pas, Messieurs les Directeurs, que les peuples. considérés comme grands par le nombre de leurs habitants et l'étendue de leur territoire n’entrent pas dans certains raffinements que l’on trouve plus facilement quand on se sent entre soi. Ils organisent le travail, ils organisent l’Idée! Pour exécuter un film, là où en France un homme suffit, ils en mettent cinq ou six, répartis dans des compartiments bien distincts. En somme, ils font un film comme on fait un habit: il y a le culottier, le giletier, le coupeur, l’essayeur et le vendeur! Or dans le domaine de l'esprit il faut une suite dans les idées qui paraît très difficile à réaliser «avec un pareil système. Le mécanisme est bien travaillé certes, mais il ne vaudra jamais l’idée poursuivie par un seul cerveau. C’est le travail à la grosse, la production coûte que coûte dont nous avons nous-mêmes connu les désastreux effets avant la guerre, lorsque nous voulions beaucoup produire malgré la médiocrité de certains moyens. Ce temps-là est passé. Nous possédons aujourd’hui des techniciens habiles, d'excellents metteurs en scène, des opérateurs artistes, des comédiens qui cherchent à approfondir ce métier nouveau, des sites incomparables et enfin des auteurs qui commencent à soupçonner ce que peut faire le Cinéma. Eh bien, Messieurs les Directeurs, vous tenez tout cet avenir dans vos mains, le laisserez-vous échapper, quand il vous est si facile d’aïder à son développement? Laisserez-vous le public se désintéresser peu à peu d'un spectacle qui ne lui paraît plus ni assez varié, ni assez nouveau, qui ne reflète pas sa pensée ni ses goûts ? L’entraînerez-vous toujours, cet excellent public, dans les pays les plus étranges, l’inviterez-vous toujours à la table de quelque cow-boy, dans les salons de quelque milliardaire, ne lui donnerez-vous jamais le repos chez lui que tout homme désire après un long voyage? On vous affirme: le film français se place difficilement en Amérique, je le crois facilement. Leur production est déjà singulièrement imposante et puis, ils se reconnaissent, les heureux hommes, dans tous leurs films! Ce n’est pas parce que le film français est mauvais qu'ils ne le prennent pas, c'est parce qu’il n’est pas de chez eux! Il ne s’agit pas ici de chauvinisme, il s’agit d’habitudes qui nous sont chères et qui font que nous nous expatrions difficilement, que nous aimons nos défauts comme nos qualités, que nous parlons la même langue et que nous avons toujours lutté pour la même idée, d’un même cœur. Donc, Messieurs les Directeurs, réfléchissez, quand on vous soumettra un moyen de secourir le film français, ne le rejetez pas sans avoir mesuré tout ce que votre geste peut entraîner de déceptions et de regrets. Voyez en vous-mêmes où se trouve votre intérêt: donner à vos spectateurs, c’est-à