Le Courrier Cinématographique (Mar 1921)

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6 LE COURRIER CINEMATOGRAPHIQUE comporte évidemment d’autres difficultés que celles dont on est habitué à se jouer dans les studios. La collaboration devra, tout d’abord, rester effective et constante entre les trois réalisateurs, et le pas sera nécessairement donné fréquemment au compositeur et au librettiste-scénariste sur le metteur en scène. Le travail ne se terminera pas avec le montage de la bande; c’est au contraire après ce montage qu'il deviendra plus complexe et délicat durant les répétitions d'orchestre et de chant. Les chanteurs pourront être aveugles ou boiteux : on ne les verra pas. Mais, qu’ils ne se tiennent pas debout dans l'orchestre comme cela s’est fait! la faible lumière diffusée par les lampes des pupitres suffrait à concentrer sur eux l'attention des spectateurs qui se détournerait ainsi de l’action. Quant au synchronisme, comment s’y prendra-t-on pour l’obtenir? Voici une suggestion très simple. Le poème chanté n’a pas à suivre, tableau par tableau, les images projetées ; le poète s’abstiendra presque toujours . d'employer la forme dialoguée. Ses chants se rapporteront à l’action générale, à la situation d'ensemble plutôt qu'à une scène déterminée et cette méthode pourra permettre à l’orchestre et aux chœurs d’achever chaque motif sans qu'il y aïl rupture de lien entre la musique, les voix et l’action, même si la pellicule se déroule trop vite ou trop lentement. * * * Un ou deux exemples vont démontrer l'intérêt que présente cette formule simpliste de synchronisme. Imaginez une action dramatique au cours de laquelle certaines scènes accessoires se passent à bord d’un paquebot sortant du port, puis voguant au large; au fur et à mesure de la projection des images, une voix de basse chante : € Partir vers les lointains rivages... Connaître de la Mer les douceurs et les ragres ; Subir l'ardent baiser du soleil tropical Ou le souffle glacé de l'hiver boréal... Nostalgique désir des blasés ou des sages ; Mourir sur les lointains rivages ! » Le chant fixera l'idée générale, le décor et l’action dans le souvenir. Ailleurs, l'héroïne. du film, une aventurière de grande race, après avoir capturé dans ses rets le cœur d'un marin, exprime les sentiments qui l’animent. Elle chante devant ses invités, — par le truchement d'un mezzo-soprano, SuY un thème de valse lente : = 5 es « Je n'aime dans l'amour que le charme des eux; La douceur des caresses, Le péché des ivresses, La douleur des adieux, Et je garde jalousement mon cœur. Mon cœur est un jardin fermé au promeneur. C’est à sa porte que mon amant pleure... Dans le même temps, à peu de distance de la villa où se donne la fête, & le promeneur » joue sa vie en luttant contre la tempête pour secourir des naufragés… de Les notes de la valse lente reviendront le lendemain et plus tard à la mémoire de celui qui les aura entendues et, pour peu qu'il veuille les évoquer 1l pourra voir, à son gré, sans fatigue, reparaître sur l'écran de sa pensée le drame tout entier. S’agit-il d’un mélomane ? On le reverra bientôt dans la salle; il y reviendra dix fois peut-être, comme il est allé dix fois entendre Manon. Le compositeur d’une partition de drame lyrique cinématographique comméttrait évidemment une erreur sil traitait sa musique à la manière d’une sonate en ut mineur; les motifs populaires, les airs, les refrains devront y dominer; car ce sont ces expressions musicales que la masse retient le mieux. Elles n’excluent d'ailleurs pas le talent; telle valse de Chabrier, Espana par exemple, vaut bien une symphonie assommante. * + * Au moment où l’on parle d'accueillir temporairement le ciné à l'Opéra, il faut comprendre ce que l'on peut espérer de l'édition et de l’exploitation conçues selon une formule moderne : & certains films exploités comme l’est une œuvre théâtrale ». Si cela dérange de vieilles habitudes, tant mieux! Ce n'est plus de films aux situations acrobatiques où Charlottesques qu'il s'agit : la vie suffit à tous les sujets. Pour des millions d’adeptes, la musique et la poésie sont une religion; ajoutons-y les millions d’adeptes du cinéma. Des espaces incultes s’étendent illimités jusqu'aux plus'lointains horizons devant l’activité des pionniers du nouvel Art. Ceux d’entre eux qui abandonneront les sentiers battus et les routes encombrées pour prospecter les terres vierges y découvriront des trésors cachés. Henri RAINALDY.