Le Courrier Cinématographique (Mar 1921)

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LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE 9 CONTRE LES TAXES DSC A nos législateurs qui ont entre les mains la vie oula mort de l'Industrie du Film. Pour que puisse vivre la Cinématographie Française L'industrie cinématographique française va périr! Telle est la navrante vérité, depuis qu'est appliquée la loi de juin 1920 qui frappe de taxes exorbitantes son exploitation et, par répercussion, toutes les industries annexes qui en vivent, et plus spécialement l'édition des films français. Oui, cette industrie si française par son origine est aux abois.… D'où cela provient-il? De plusieurs causes que voici : D'abord, de certaines raisons morales, si j'ose dire. Les préjugés, l'indifférence, l'ignorance, et surtout ce sentiment d’hostilité incompréhensible, inexplicable, mais pourtant réel, de la part des pouvoirs publics. Toutes raisons qui, insensiblement, devaient avoir et ont eu, effectivement, leur répercussion sous la forme des taxes dont on nous écrase aujourd'hui. Mais d’où peut bien provenir ce sentiment d’hostilité latente”? — De l'Immoralité des spectacles cinématographiques? Non, certes, car je défie les plus austères critiques de trouver dans aucun de nos films, quoi que ce soit qui ressemble à ce qu'on entend et à ce qu’on voit sur d’autres scènes, auxquelles semblent cependant aller les faveurs des pouvoirs publics. — De l'appel à la violence, par la représentation ou l'évocation de crimes plus ou moins dramatiques et sensationnels ? Peut-être. Mais nous n'avons fait cependant que suivre sur ce point l'exemple que nous donnait la presse tout entière. Chacun ne sait-il pas, en effet, que les plus beaux crimes trouvent dans les colonnes des grands quotidiens une publicité aussi gratuite qu'universelle. Et comment pourrait-on ignorer, en tous cas, que nos films ont, sur leurs récits, cette écrasante supériorité morale à savoir que le crime y est toujours puni! __ De la concurrence? Oui, certes; de celle que nous faisons aux théâtres qui, eux, possèdent des coulisses où nos adversaires recrutent, pour nous combattre, des voix aussi autorisées que... charmantes. __ De celle que nous faisons au Bistro ? Celui-ci ne saurait nous pardonner, car la soirée passée au cinéma, en famille, est pour lui une perte... sèche, si j'ose m'exprimer ainsi. Mais qui done, si l’on envisage l'avenir de la race, pourrait s'en plaindre? _— Toujours estil que dans cette atmosphère hostile, au lieu de lutter, on se laisse aller, on ne se sent pas le courage de réagir... Pour réagir il faudrait en effet connaître le cinéma : or, le connaître c’est l'aimer, et l'aimer c’est le défendre. — Mais qui donc, à cette heure, connaît la voie où le film Français brûle de s'élancer ? Qui done sait ce qu’il a réalisé? Qui pourrait dire ce qu'il réalisera un jour ? Qui dévoilera aux pouvoirs sa puissance encore latente, mais qui peut, mais qui doit rayonner plus tard sur l'univers ? Pourquoi ai-je dit plus haut du film Français ? Parce que c’est lui qu'en nous défendant, nous entendons défendre. Nous voulons tous, en effet, exploitants français, passer dans nos salles du film français, le plus de films français possible. Et non pas seulement par patriotisme, mais parce que les reproches qu'on nous adresse sont toujours causés par des films étrangers : pauvreté du sujet, lourdes facéties, brutalité des protagonistes, etc., voilà le film américain, c'est son essence même, ce n’est pas l'âme française! Mais, hélas! 20 0/0 à peine de ce qu'on nous offre comme film, est Français! Et cela, parce que le film national, sans aide et sans protection des pouvoirs publics, coûte, en France, infiniment plus cher que le film américain, par exemple, et que le film boche, qui reparaît — déjà! Voilà où nous en sommes]! Et cependant, quels beaux efforts d'art français perdus pour tout le monde, commercialement parlant, admirables films dans lesquels il n'y a pas que l'idée, la pensée et la poésie de notre race, mais aussi la réalisation matérielle égalant et dépassant les plus célèbres œuvres sorties des studios extraordinaires de l'Amérique. Quelle est donc, en deux mots, la tendance du film français? Quel est son but? C’est de remplacer dans la bibliothèque populaire qu'est notre écran, le roman-feuilleton à 65 centimes, par le beau livre savoureux, émouvant, instructif, à 3 fr. 50 (prix d'avant-guerre, s'entend). Mais, pourra-t-il réaliser ce perfectionnement ? Oui, certes, à condition d'être défendu. N'avonsnous pas, en effet, les meilleurs auteurs comiques