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8 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
rue... On vous a demandé de réduire les droits sur les vins, cet homme, quand il travaillait, buvait du vin. Qu'on laisse les industries donner du travail à cet homme, et il reboira du vin. Pour l’instant, il ne boit que de l’eau ; s’il travaillait vous n’auriez pas besoin de réduire les droits sur le vin. I1 boirait même avec droits. La crise viticole serait vaincue et le budget des droits sur le vin ne serait pas réduit.
Rien ne fonctionne que par le travail, et il est bizarre de vouloir arrêter le travail pour faire rentrer les impôts.
L'Administration a opposé des arguments bien extraordinaires. Elle a déclaré qu'il s'agissait d’une taxe sur les plaisirs et non pas d’une taxe sur les Etablissements. C’est vraiment un gros
mensonge. C’est l'Etablissement qui paye la taxe.
et non le public puisque l'Etablissement, ne pouvant plus élever le prix de ces places, est contraint de réduire ses frais.
Et puis, une bonne preuve que ce n’est pas LÉ publie qui est atteint, c’est le fameux palier, l'échelle des taxes qui change avec le calendrier. Le spectateur qui va au cinéma les dix premiers jours du mois payerait moins d'impôts que celui qui s’y rendrait à la fin. Qu'est-ce qu'un impôt qui varie avec la journée du spectacle ? C’est bien l'Etablissement qui est atteint puisqu'il ne sait jamais, à l'avance, l'impôt qu’il payera et qu'il ne peut récupérer sur le public, puisque cette taxe est variable et inconnue avant la fin du mois!
Voilà ce qui oblige au film bon marché, au film étranger. Calculez les sommes qui sortent de France par cette obligation, les pertes du change, les exportations qu’on manque. Tout cela, on ne le fait pas entrer en ligne de compte et c'est en quoi tous les calculs de l'Administration sont faussés et qu'on présente un désastre français comme une recette nationale. On coupe l’arbre,au lieu de prendre des impôts sur les fruits... Mais la parole est à M. Herriot :
Film parlant de M. Herriot Député du Rhône
Nous avons inventé le cinématographe, mais nous n’avons pas su en tirér un parti suffisant. Une fois de plus, les nations étrangères ont su exploiter mieux que nous une création de notre génie national.
Je le regrette surtout pour l’enseignement où l’on fait encore trop souvent appel aux méthodes abstraites, aux procédés livresques, où l’on se préoccupe trop peu de cultiver chez l'enfant la faculté essentielle qui est l'observation. Le ciné
matographe apporterait des ressources nouvelles et presque infinies. On imagine les services qu'il peut rendre pour l’enseignement de la géographie ou des Sciences Naturelles. Il doit être introduit dans notre éducation, non pas comme un épisode ou comme une distraction, mais comme l'élément essentiel de toute une nouvelle pédagogie dont le but doit être de vivifier, d'accélérer et de préciser
l’enseignement.
* LE)
Réponse de M. Louis Forest. Mon cher Herriot,
Je suis heureux de vous avoir entendu parler sur l'écran ainsi que vous venez de le faire. Je vous considère comme un des esprits les plus lumineux de cette époque et ma satisfaction est d’autant plus grande que vous avez été un des plus grands défenseurs des taxes municipales. Je crois que c’est à Lyon où on en perçoit le plus. Et ainsi, par un ricochet inattendu, mais certain, vous avez arrêté tout perfectionnement du cinéma d’enseignement français. Votre intelligence ingénieuse trouvera certainement un moyen de sortir de ce dilemne.
Quant aux possibilités du cinéma pour l’éducation nationale vous en savez plus long que moi sur ce sujet.
Cependant je peux parler savamment de l'effort à faire, car je l’ai tenté.
Avec un ami, j'ai, à grands frais, réalisé un grand film d'enseignement. Mon idée était que l'Etat et les municipalitéssont absolument impuissantes à créer le vaste programme d’enseignement qui est nécessaire et qui doit être inspiré par l'esprit qui a guidé au xvin siècle nos grands encyclopédistes.
J'ai pensé que le public viendrait volontiers luimême payer de sa poche pour construire ce vaste programme. Mes prévisions ont été justifiées. J'ai pu donner un film d'enseignement scientifique qui a duré trois mois dans un grand établissement. Il eut duré un an sans le fisc. Le fisc a fait que ce grand film d'éducation a été remplacé par un film anglais en vertu de la protection qu’indirectement les taxes apportent au film étranger. Pendant les deux jours de Toussaint, le peuple de Paris, qui cherche à s’instruire, nous a apporté 22.000 francs de recettes.Il y avait là desenfants envoyés par les coopératives socialistes. Ils côtoyaient les enfants accompagnés par des prêtres. Car, tout le monde en est au même point lorsqu'on veut savoir la vérité sur la Lune et sur Mars.
Mais le percepteur est venu. Il nous a taxé à peu