We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.
Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.
26 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE
Publicité et Cinéma
La publicité est la dynamo des affaires, dit-on en Amérique, où l’on sait se servir à la perfection de ce levier puissant. Nous n'avons qu’à jeter un coup d'œil sur leurs journaux si copieux, sur leurs magazines 5i luxueusement illustrés, pour nous rendre compte dans quel état d’infériorité nous sommes en France à ce point de vue.
Pour nos amis d'Amérique, la publicité représente le vendeur silencieux, qui travaille pendant votre sommeil, qui entre chez les gens sans frapper, sans remettre de carte. Ce « vendeur » doit être bien habillé, persuasif. Il doit savoir retenir l'attention, éveiller la curiosité ou l'intérêt, faire naître le désir de l’objet présenté et finalement en suggèrer le besoin. Aussi ce singulier « vendeur » prend-il sous ses diverses incarnations les formes les plus séduisantes et tient-il le langage le plus convaincant.
Dans tous les domaines et particulièrement dans l'industrie cinématographique, qui nous intéresse spécialement, les Américains savent utiliser la publicité avec une habileté, un art, une audace et une profusion que nos éditeurs de films feraient bien de prendre comme exemple.
Pour lancer leurs productions, les maisons américaines déploient un appareil formidable, engagent les dépenses les plus considérables et mettent à contribution les ressources inépuisables de l'invention et de l'imagination.
Nous avons raconté il y a peu de temps par quel ingénieux artifice un chef de publicité habile avait su, en moins de quarante-huit heures, intéresser les cent millions d'habitants des ÉtatsUnis aux malheurs de la Vierge de Stamboul, qui devait peu après paraître sur les écrans.
En effet, on n'attend pas en Amérique qu'un film soit terminé et prêt à sortir pour l’annoncer à grand renfort de réclame. À peine commencet-on à le tourner qu’une insidieuse campagne de publicité, qui ne s'adresse pas seulement à ceux qui vivent du Cinèma, mais encore au grand public, apprend à tous qu'un chef-d'œuvre se prépare. Chaque jour des notes, des interviews, des anecdotes, des potins, des photos rappellent le « great event » cinématographique. On ne laisse rien ignorer du travail qui s'opère dans le Studio. On fait ainsi l'opinion, et le jour venu tous les directeurs veulent avoir ce film et d'innombrables spectateurs sont impatients de le voir.
On ne s’en tient pas là. Le rôle de la publicité n'est pas encore terminé. Après les éditeurs, qui
FILMS ERKA GA
Prochainement
Les Morts nous Frôlent
Drame de l'au-delà
n’abandonnent pas toute réclame, vient le tour des directeurs, qui rivalisent d’ingéniosité pour attirer à eux la clientèle.
À Los Angeles, un intelligent propriétaire de Cinéma avait imaginé pour la Vierge de Stamboul d'aguicher le public par des tableaux vivants composés d’almées, de figurants vêtus de riches costumes orientaux, de nègres et de chameaux. À Detroit, pour la Cité Perdue, un autre directeur avait transformé le vestibule de son établissement en une jungle où s'ébattaient des animaux féroces. Et les spectateurs d’accourir.
Ce n'est pas chez nous que des directeurs oseraient employer de semblables procédés de publicité : ils les trouveraient un peu excessifs, car cette réclame tapageuse n’est pas encore entrée dans nos mœurs. On'se contente pour l'instant de la publicité un peu mesquine des affiches vendues par les éditeurs et sur lesquelles il y aurait souvent bien des critiques à faire.
Mais nos éditeurs, qui se plaignent si fort de la crise du Cinéma, n'ont à s'en prendre qu'à euxmêmes et faire leur « mea culpa ». Que font-ils pour lancer leurs films, qui valent bien les productions de l'Amérique ou d’ailleurs. Ils sortent de temps à autre des chefs-d'œuvre, qui pourraient à l'étranger prétendre au plus légitime succès, s’ils n'y passaient inaperçus faute d’une publicité rationnelle et intensive.
Ils ont bien à apprendre de leurs collègues américains qui, pour combattre la crise actuelle, redoublent de publicité. Car c’est chez eux un principe, quand les affaires ne vont pas, d'augmenter la publicité, et ils savent le mettre en pratique.
Puisque cela leur réussit, pourquoi ne les imi
terions-nous pas ? A. B.
(Bulletin de la Fédération des Directeurs de Spectacles du Sud-Est.)