Le Courrier Cinématographique (May 1922)

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6 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE des sources — celle des recettes — me permet de dire que le jugement du public payant, n'a pas ratifié les appréciations des critiques reptiliens d’une presse sans dignité et que, précisément, les deux films en question accomplissent en Îtalie une très fructueuse carrière. Je sais que, dans le but de rendre les pouvoirs publics favorables à un relèvement des droits d’entrée, on s’est servi copieusement de cet argument : l'hostilité de l'étranger producteur contre le film français et je pense qu'il est nécessaire de ramener la question à son véritable objet sous peine de compromettre gravement les intérêts qui nous sont chers, ceux de la production française. En réalité, il n’y a dans aucun pays du monde, de prévention contre le film français et tout ce que peuvent écrire ses adversaires systématiques, demeure sans effet sur l’opinion des directeurs de salles lesquels sont trop avisés pour choisir d'autre guide que le goût de leur public habituel. Vieux journaliste doublé d’un vieil homme de théâtre je n'hésite pas à formuler ce postulatum : Une campagne de presse habilement menée est susceptible de créer autour d'une œuvre médiocre, ? e . d’un artiste sans talent ou d’un auteur vulgaire, une. atmosphère de sympathie d’où naîtra un succès parfois déconcertant autant qu'immérité. Tandis que les critiques les plus sévères, les jugements les plus rigoureux, n’empêcheront jamais le triomphe -du vrai talent, la diffusion des nobles pensées, la manifestation de la beauté éternelle. Le : Frappe, mais écoute de Thémistocle pourrait être la devise des artistes, des philosophes et des réalisateurs de tous les temps et de tous les pays car les œuvres les plus durables, celles qui, à travers les siècles . et les millénaires, ont constitué la bible de l'humanité, furent précisément l’objet des plus violentes controverses les victimes des plus impitoyables censeurs. Ce n’est pas l'opinion plus ou moins sincère de quel que aristarque d'occasion qui doit influer sur nos relations avec l'étranger ; la qualité de notre production, le souci de la rendre accessible aux intelligences les plus diverses, et surtout les facilités d'échange avec les autres pays producteurs, voilà les éléments indiscutables de la prospérité du film français. L'autre jour, avec la verve humoristique qui lui est familière, mon excellent ami Guillaume Danvers évoquait le souvenir d’une polémique courtoise qui nous mit aux prises il y a quelques années. Il s'agissait d'un film établi sur des bases nouvelles et réalisé avec des procédés qui parurent déconcertants à nombre de cinégraphistes dont je fus. Snobisme, proclame Guillaume Danvers, qui fut un défenseur ardent et convaincu de la méthode qu’on prétendait nous révéler comme une vérité première.Et pour glorifier ce snobisme, mon collaborateur et ami ne prophétise rien moins que la création de salles spécialement destinées à ce genre de spectacles cinématographiques. Je ne vois pour ma part aucun inconvénient à la réalisation du rêve de Danvers ; c’est affaire aux millionnaires décadents soucieux de célébrité tapageuse €t prodigues de leurs écus de lui donner cette satisfaction: Mais il s’agit de choses plus pressantes sinon plus relevées. Paulo minora canamus oserai-je proclamer en m’excusant de cette paraphrase utilitaire de Virgile. C'est de bonne soupe et non de beau langage que veut vivre le Cinéma à l'exemple du bonhomme Chrsyale. Et pour vivre il est indispensable d'exporter. Or, pour exportel ce n’est pas le snobisme qui nous fournira les éléments d’une production susceptible d'intéresser la clientèle dont nous sollicitons les suffrages. Je trouve précisé ment un argument en faveur de ma thèse dans l'évo lution accomplie par l’auteur du film qui enchanta jadis le snobisme de Danvers. En effet, rien n’est plus éloquent que le chemin parcouru de Rose France à L'Homme du Large et à El Dorado. Ce dernier surtout me paraît le plus apte à faire apprécier, à l'étranger, la véritable supériorité du film français, supériorité faite de sensibilité aiguë sans grandiloquence, de sincérité et de profonde connaissance du cœur humain. Ce sont ces qualités qui doivent nous assurer le suc” cès nonobstant les aboïements de la meute servilé d’outre-monts et d’ailleurs. P. SIMONOT,