Le Courrier Cinématographique (Dec 1922)

10 LE COURRIER CINÉMATOGRAPHIQUE très simple. Un mouvement qui a été exécuté par un cheval, par exemple, en une seconde, a été photographié 240 fois; à la projection ce même mouvement, demandera 16 secondes pour être projeté, il nous paraîtra donc 16 fois plus lent que la réalité, d’où son nom de ralenti. Vous comprendrez également comment, par ce procédé, il a été permis d'enregistrer des mouvements rapides que l'appareil ordinaire ne pouvait nous fournir. Supposez un homme traversant cette scène en une seconde, il sera photographié 16 fois, dans 16 attitudes différentes. Si nous pouvons à nouveau décomposer chacune de ces 16 attitudes élémentaires encore une fois en 16 autres, nous aurons ainsi enregistré la décomposition de ce mouvement élémentaire en d’autres mouvements qui nous avaient échappé avec l'appareil de prise de vue ordinairement en usage. La nature nous aura livré, en les décomposant, le secret de certains mouvements rapides tels que le vol des insectes, des oiseaux, la trajectoire d’un projectile dans l’air, etc., etc. Projection : Erka, Gaumont, Joinville, Sauts, boxes Le Cinéma accéléré est l'opération inverse, comme je vous le disais à l’instant; reprenons, si vous le voulez bien, notre exemple d’un homme traversant cette scène en une seconde, et qu'au lieu de le photographier 16 fois nous ne le prenions plus que 5 fois, à la projection le film sera projeté 4 fois plus vite qu'il n’a été pris, et la personne qui aura mis une seconde pour traverser cette scène paraîtra la traverser en un quart de seconde. Nous allons vous présenter un filmayant enregistré la croissance de végétaux; les photographies ont été prises deux fois par jour, l’enregistrement du phénomène a demandé plusieurs semaines; sa projection, par contre, va prendre quelques secondes, et vous aurez ainsi l'illusion d’une croissance extra rapide, d’où le nom de cinéma accéléré. J'ai voulu montrer l'unité dans l'effort de façon à faire pénétrer dans votre esprit et les moyens et le but final. Sciences et Art forment au Cinéma un tout inséparable, c’est un vaste champ d’expériences que l’on commence seulement à défricher, à l’aube d’un matin qu’illumine le clair génie de notre race. De nombreux films, projetés par un appareil Gaumont, ont montré les résultats les plus récents auxquels ont abouti les plus importantes recherches autour du Cinéma en couleurs, du Cinéma vu au ralenti et vu à l’accéléré : La Glorieuse Aventure (en couleurs naturelles); fragment de film pris par un bateau en marche de Christiania à Bergen; Course de chiens policiers; Vol dé pigeons voyageurs (Gaumont); Croissance des végétaux. : M. Pierre Humble a parlé du Cinéma éducateur illustrant la présentation du film de la sculpture sur bois (J, Benoît Lévi) et par la Cristallisation des Sels de la collection Pathé. L 2 * _* Enfin, le docteur Javorski, directeur de laboratoire, a parlé du Cinéma au service de la Science. Le docteur Helan Javorski a commencé par dire qu’il fallait diviser en deux groupes les services que le cinéma rendait à la science. Dans le premier il faut ranger toutes les découvertes ou les perfectionnements que la science a pu faire grâce au cinéma. Prises de vol d'oiseaux et d'insectes, films biologiques en particulier du docteur Comandon, qui permettent de connaître les secrets de la nature. Le cinéma a résolu la controverse du prétendu croc-en-jambe de Siki dans le dernier célèbre match, or, dans la nature, des cas analogues se posent à chaque instant. Dans le deuxième groupe, il faut ranger tout ce que fait le cinéma pour la compréhension et la propagande des idées. C'est simplement merveilleux dit le docteur Javorski et il affirme que l’image est plus éloquente que la parole. Je vais vous en donner la preuve, ajoute-t-il. Je vais expliquer le plus clairement possible l’idée du Plan Biologique mais cette explication sera infiniment mieux comprise quand défileront les films. La grande erreur de Lamarck et de Darwin a été de voir une séparation absolue entre l’individu et le milieu. Or, c’est juste le contraire et cela au point de vue que l’intérieur de chaque individu peut être considéré comme le miroir de l'extérieur. En réalité le milieu et l'individu ne font qu'un et il y a en nous des océans en miniatures ou flottent des êtres vivants, comme dans la forêt il y a ‘quelque chose de nous. Nos organes correspondent si bien aux animaux de l’espace, que des applications des plus heureuses ont pu être faites pour la guérison des maladies. Je ne puis, malheureusement, vous montrer des films faits pour les besoins de la cause et j'ai pris ce qui existe déjà. Par eux vous verrez que le