Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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LE CINEMATOGRAPHE LUMIERE 21 realisme. MM. Lumiere avaient projete une rue de Lyon (1). Les tramways, les voitures circulaient et avancaient dans la direction des spectateurs. Une tapissiere arrivait sur nous au galop de son cheval. Un de mes voisins etait si bien sous le charme qu'il se leva d'un bond et ne se rassit que lorsque la voiture tourna et disparut. On distingue tous les details : les tourbillons de fumee qui s'elevent, le fremissement des feuilles sous Taction de la brisc. C'est bien la nature prise sur le fait ; tout cela, vit, marche, court. Voila de vrais portraits vivants ! » Cette surprise emerveillee reflete bien le souci de realisme qui pesait a l'epoque sur les esprits — le cinematographe etait « une merveille photographique », la « demonstration » en etait faite — mais elle etait a peu de chose pres du m§me ordre que celle qui nait dans une salle de music-hall en face des exercices, plus ou moins mysterieux, plus ou moins en contradiction apparente avec les lois de la nature, d'un prestidigitateur ou d'un illusionniste : on etait amuse, interesse mais on aurait ete regarde comme un fou si, en quittant le Salon Indien, on avait ose pretendre comme le fera, vingt-cinq ans plus tard, Pierre Seize, qu'avec le cinematographe « un nouvel age de l'Humanite etait ne ! » Cette verite pourtant, un homme l'avait entrevue : Armand Silvestre qui, a peine sorti du sous-sol du Grand Cafe, l'avait repandue dans les salles de redaction et les cafes du Boulevard. Mais Armand Silvestre etait poete (2) : les cafes et les salles de redaction, avec leur scepticisme traditionnel, avaient souri a ses vaticinations et Ton avait (1) Ce tableau de rue se trouve dans la bande intitulee La Place de la Bourse a Lyon qui ne figure pas dans le programme d'ouverture du « Salon Indien » mais est une des huit bandes projetees en juin i8g$ devant les membres du Congres des Societes de Photographie reuni a Lyon. Cette bande jut egalement inscrite au programme d'une seance qui jut donnee a quelques invites le 27 decembre. Y figurait egalement L'Arroseur arros6. C'est a I'issue de cette seance que Melies, qui etait parmi les invites, offrit dix mille francs a Lumiere pour devenir possesseur de I'appareil aux debuts duquel il venait d'assister. Void les titres de quelques-unes des premieres bandes enregistrees par les freres Lumiere et qui, avec celles dont etait compose le spectacle du 28 decembre au « Salon Indien », firent le fond des premiers programmes ofierts au public tant a Paris qu'en province et a V etr anger : Le gouter de Bebe, La peche aux poissons rouges, Soldats au manege. (2) Un autre homme avait devine V importance du Cinematographe , un journaliste, Louis Forest, qui ecrivit : « J'ai assiste a la premiere representation de cinematographe qui fut donnee a Paris dans une cave des boulevards... A cette premiere representation, la projection ne fut pas fameuse... L'ecran dansait, papillotait. U image avancait par petites secousses ... On entendit alors des reflexions spirituelles et stupides... J'avais, a ce spectacle, comme voisine une artiste qui regla la chose en six mots : « Bon pour