Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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78 HISTOIRE DU CINEMA festations plus ou moins nombreuses, plus ou moins heureuses, celui qui, par-dessus tous les autres, va s'imposer opposera a la fantaisie charmante et bon enfant de Melies, un realisme precis et brutal qui s'epanouira sans aucune contrainte dans une atmosphere de fait divers et de crime. C'etait a Jules Verne, a Perrault et aux feeries du Chatelet que Melies etait alle demander son inspiration ; c'est a l'Ambigu et meme au Grand Guignol, alors en plein epanouissement, en pleine vogue de snobisme^, et aux couvertures en couleurs du « Petit Journal Illustre » que la production Pathe va f aire concurrence : grace a Zecca le crime fait son entree au studio. D'emblee, il s'y plait, s'y installe comme chez lui. Si bien qu'aujourd'hui encore on l'y trouve a demeure. Ah ! cette Histoire d'un Crime ! Avec ses tableaux d'un si ingenu et si convaincu realisme — directement emprunte a l'esthetique du Musee Grevin (i), Rien n'y est oublie : apache en casquette a pont guettant sa victime — un garcon de banque — magistrats en redingotes procedant aux premieres constatations, agents arretant l'assassin dans un bar louche et criminel payant, comme il se doit, sa dette a la Societe sous le couperet de la guillotine dressee devant la porte de la Roquette ! Sans parler du reve qui, tres moralement, hantait en sa cellule les nuits du condamne revivant son crime. Avec ce film, le cinema ecrivait la premiere page de Thistoire, la tres longue histoire de la difficile et ardente lutte qu'il eut, en tous pays, a soutenir contre les representants de la morale traditionnelle, incarnee en la Censure : la derniere scene de V Histoire d'un Crime dut, en effet, 6tre supprimee par ordre de la Prefecture de Police (2), au lendemain de la premiere projection du film sur les ecrans parisiens. Voila un titre a inscrire a l'actif de L' Histoire d'un Crime mais ce film en a d'autres et d'abord celui d'avoir ouvert devant les commercants du film les portes du domaine grisant des grosses recettes : la bande avait coute trois mille francs et en quelques semaines il allait en £tre vendu plus de deux cents copies au prix de deux cents francs l'une. N'y avait-il pas la de quoi confirmer Charles Pathe dans Timpression qu'il avait deja depuis longtemps que Zecca etait un grand homme. Mais tout cela ne serait rien si les sept tableaux dont se composait U Histoire d'un Crime — l'assassinat, l'arrestation, la confrontation, la Cour d' Assises, la prison, le dernier jour du condamne, la guillotine — par le succes qu'ils obtinrent, bien plus que par leur valeur n'avaient revele a (1) On a dit que c'etait au cours d'une visite du Musee Grevin que Zecca avait eu la premiere idee de son film. Ce doit itre exact. C est en tout cas vraisemblable. (2) // n'y avait pas encore a cette epoque d'organisme de censure cinematographique. C'est la guerre qui dota le cinema d'une censure dont, par la suite, il lui jut impossible de se debarrasser.