Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

ioo HISTOIRE DU CINEMA ment reconnaissable, en tous lieux et en toutes circonstances. Ce bandit masque, cet assassin mysterieux, ce Fregoli du crime c'etait Fantomas... Le premier volume sur lequel s'etalait ce nom — dont on pourrait presque dire qu'il fut populaire avant meme d'etre connu — remporta un succes tel qu'a peine paru aux deyantures des librairies et dans les kiosques, il fut enleve et que, pendant quinze mois, il fallut proceder sans interruption a des retirages successifs dont le total atteignit un million trois cent mille exemplaires. Et ces aventures devaient emplir trente-deux volumes... Le cinema ne pouvait rester indifferent a un tel succes. Et ce fut entre les mains de Louis Feuillade que ce succes tomba. Ce que Feuillade fit de Fantomas, aucun de ceux qui, a la veille de la guerre de 1914, demandaient deja au cinema de les distraire de leurs preoccupations et de leurs craintes, ne l'a oublie. C'etait le vieux melodrame de Pixerecourt qui ressuscitait avec ses personnagessymboles : la lutte romantique du Bien et du Mai. Jamais encore on n'avait vu les foules se ruer devant les ecrans avec tant d'empressement, tant de fidelite. D'ou venait un tel succes ? Jean-Charles Marie essaie de l'expliquer (1) : « La foule croit ce qu'elle voit. Voir Fantomas, c'est la porte ouverte sur la chambre du crime, c'est assister au mystere : etre temoin. La foule veut etre temoin. Elle veut aussi avoir peur... Fantomas est un film populaire, pour le peuple... Fantomas dut etre relativement facile a realiser pour Louis Feuillade qui fut le premier a comprendre les lois du film policier... Depuis vingt ans on n'a pas fait de progres dans le genre. » L'auteur de cet article precise ensuite que si Fantomas conquit ainsi la foule, c'est que son heros etait intelligent, qu'il paraissait vraisemblable, non pas en lui-meme, mais par les decors dans lesquels il se mouvait et qui etaient exactement ceux dans lesquels les spectateurs vivaient chaquejour, qu'il etait brave et repandait la terreur et enfin qu'il restait mysterieux tout au long de Taction, prenant tour a tour les apparences les plus diverses, ce qui renouvelait l'interet, sans jamais livrer sa veritable identite. Si Ton ajoute que les personnages qui entouraient Fantomas etaient dignes de lui : le policier Juve, le journaliste Fandor — qui incarnait bien la manie a laquelle les membres de la Presse commencaient a se laisser aller de se substituer a la police, de vouloir etre plus malins qu'elle arm de faire monter le tirage de leurs journaux — tous deux sympathiques, Lady Beltham, l'amoureuse, grande dame etrangere et quelque peu enigmatique, comme il se doit, Helene, la fille du (1) « La Revue du Cinema » n° du ieT aout ig3i. ( Gallimard Edit., Paris.)