Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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EVOLUTION DE L'INDUSTRIE (suite) 107 films, directeurs de salles, entrepreneurs de spectacles forains ou ambulants. Et cela sans avoir besoin de penser, de prevoir, d 'organiser. Sans savoir cc que ce mot representait, chacun d'eux faisait de rempirisme comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Et l'argent amuait dans les caisses ! Qu'auraient-ils pu desirer de mieux ? Peut-£tre certains d'entre eux — les plus raisonnables, ceux-la qui avaient deja du se colleter avec la vie et n'etaient entres dans la carriere cinematographique que parce qu'ils n'avaient pas reussi dans une autre — avaientils commence par s'etonner de ce qui leur arrivait, puis tres vite, ils s'y etaient habitues et, tres sincerement, ils n'imaginaient pas qu'il put ne pas en etre tou jours ainsi. Le public, lui aussi, eprouvait de l'etonnement et cet etonnement lui otait tout pouvoir de contr61e sur la qualite des bandes qu'on lui offrait et qu'il acceptait avec plaisir, alors qu'il aurait pour le moins hausse les epaules en tournant le dos a la scene sur laquelle se serait deroule un spectacle semblable a celui qui constituait l'ordinaire des salles de cinema ou en rejetant le livre qui lui aurait conte des histoires aussi basses, aussi vulgaires que celles qui faisaient le fond des films. Mais y avait-il quelqu'un alors — exception faite de Georges Melies et encore ! — qui eut seulement imagine que le cinema put etre un art ? Ignorant cette juste fierte — ou cette sotte vanite — qui caracterise le plus infime auteur de vaudevilles, de couplets ou de feuilletons, les auteurs de films — sauf Melies — restaient enfermes dans l'anonymat le plus strict, comme s'ils eussent eu honte de s'employer a si basse besogne et c'etait a ce m£me anonymat qu'etaient condamnes les acteurs — et ils l'acceptaient eux aussi sans regimber et Dieu salt si la vanite de ceux-ci, surtout les plus obscurs, est denuee de scrupules ! — recrutes non parmi les vedettes du theatre et du cafe-concert mais parmi la foule des « petits roles » et des figurants des scenes de quartier. Et ces figurants qui, jusqu'alors etaient restes perdus dans la masse garnissant le fond de la scene, passaient d'un seul coup au premier plan : ils avaient a agir seuls, tout comme les vedettes que, chaque soir, ils voyaient accomplir des gestes heroiques et mourir en beaute... longuement. Que pouvait-on, dans ces conditions, attendre de ces artistes improvises sinon une gesticulation desordonnee qui, seule, pouvait masquer leur mediocrite ? Mais etait-il besoin d'artistes plus affines, plus cultives quand il s'agissait de faire des films pour ainsi dire « a la chaine », a raison d'un par jour — et quand ce film quotidien etait termine une heure avant celle qui avait ete prevue, on occupait cette heure a commencer un autre film : autant de gagne pour le lendemain — des films qui se promeneraient a travers le monde sous des titres qui pouvaient tout aussi bien etre La Course aux citrouilles que Les mefaits d'une tete de