Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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« LE FILM D'ART » 121 Tous ces films etaient realises sous la direction d'Albert Capellani qui assura la raise en scene des plus importants d'entre eux. En allant chercher dans le repertoire theatral les sujets de leurs films, c 'etait un reservoir inepuisable vraiment que les fondateurs du « Film d'Art » et de la S. C. A. G. L. avaient ouvert au cinema. Les ceuvres composant ce repertoire, ceuvres dont les titres etaient aureoles par le succes et dont les signataires jouissaient d'un grand prestige aupres de la foule, possedaient evidemment cet avantage pour des commercants de representer un capital par l'attrait qu'elles avaient pour le public a la memoire ou a l'imagination duquel elles parlaient... Mais combien de dangers elles dissimulaient, le premier etant qu'elles offraient une solution facile a un probleme particulierement delicat et qui est, en fait, celui de la personnalite de l'art cinematographique lui-merne. Des le premier emprunt que le cinema faisait au repertoire theatral, se trouvait creee une routine a laquelle, par la suite, il lui serait difficile sinon impossible d'echapper et, ce qui est plus grave, il avait abdique sa personnalite. Ainsi Taction entreprise par le « Film d'Art » constitue a la fois un progres et une erreur : un progres parce qu'elle a force le cinema a evoluer, a se soucier de certaines contingences, une erreur parce qu'elle a place cette evolution sous le signe de la tradition theatrale au lieu de l'orienter vers la verite particuliere a laquelle le cinema pouvait pretendre et c'est Andre Antoine qui aura raison lorsque, interviewe par un journaliste, quelques annees plus tard, il repondra que c'est « des le debut que Ton a tout fausse en construisant des theatres de prise de vues avec l'ambition naive d'y enfermer tous les drames, toutes les conceptions plastiques, la nature, la foret, la plaine, la mer... » Antoine a raison quand il affirme que c'est « des le debut » que l'erreur a ete commise, mais il se trompe quand il fait porter la responsabilite de l'erreur au studio qui en est bien innocent, le pauvre : on peut, en effet, faire du cinema en studio, meme quand on y reconstitue une for£t — Fritz Lang l'a bien prouve avec Les Niebelungen et Georges Melies aussi — de me'me qu'il ne suffit pas de mener acteurs et appareils de prise de vues en plein air pour faire du cinema. Ce qui compte c'est l'esprit qui preside a la conception et a la realisation del'ceuvreet ceux qui allaient chercher leur inspiration dans le repertoire theatral ignoraient ou dedaignaient l'esprit cinematographique. Les fondateurs du «Film d'Art » n'avaient pas vu si loin, ceux de la S. C. A. G. L. non plus. Pas plus les uns que les autres, ils n'avaient eu l'intention de retarder revolution de l'art cinematographique en faisant de lui un succedane de l'art theatral. Ce n'etait pas cela qu'ils avaient voulu certes, mais pour n'avoir pas ete voulu le resultat n'en etait pas moins acquis et n'en etait pas moins deplorable.