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136 HISTOIRE DU CINEMA
dictin dans son petit atelier des Buttes-Chaumont, Walt Disney, au milieu de son immense usined'Hollywood, doit probablement se pincer le bras pour s'assurer qu'il ne r&ve pas !
En deux ans — de 1908 a 1910 — Emile Cohl composa soixante films : Le Cauchemar du Fantoche, Le Journal anirne, Les Beaux Arts de Joko, Un drame chez les fantoches, Le Fetard, Les A llumettes allumees, (1 ) La Vengeance des E sprits, Les aventures du Baron de Crac, Le Reve d'un garcon de cafe, Les lunettes feeriques, Les aventures d'un bout de papier, Les Joyeux microbes, Histoires de chapeaux, Le Cerceau magique, La Lampe qui file, Transfigurations, puis des douzaines et des douzaines d'autres suivirent.
Emile Cohl etait doue d'une imagination intarissable et il aimait son metier. II etait done constamment occupe a rechercher ce qui pourrait corser I'interet de ses petites bandes.
C'est ainsi que dans Les Aventures de Maltrace il montrait un personnage auquel i] manquait toujours une partie du corps, tantot un bras, tantot une jambe a moins que ce ne fut une oreille ou un doigt. C'est ainsi encore que, ayant eu l'idee de meler personnages reels et personnages dessines, il montra dans La Vengeance des Esprits un homme en chair et en os, en proie aux taquineries d'dtres fantastiques et insaisissables et recevant d'eux en plein visage des coups de poing qui lui faisaient voir trente-six chandelles (2). Ailleurs, ] 'image etait coupee en deux : dans une moitie on voyait des curieux cherchant a surprendre par le trou d'une serrure ce que faisait dans 1 'autre moitie de l'image un couple compose d'amoureux non pas reels, mais dessines.
De tous ces produits d'une imagination charmante sans cesse en eveil, peut-etre le plus heureux est-il Monsieur Stop dont le heros est un inventeur qui a trouve une formule magique grac^alaquelle il suspend a sa guise l?s mouvements et le cours de la vie : theme emin eminent cinematographique comme bien peu de cineastes ont su en imaginer et qui est exactement celui dont Rene Clair saura faire si bon usage dans Paris qui dort, son premier film.
En meme temps, comme s'il voulait eviter pour lui l'ennui qui
(1) Ce film avait frappe Alexandre Amoux qui en parte, trente ans plus tard, dans un article v. La Guerre et la decouverte du Cinema » que publia « La Revue du Cinema » ( rer mai 1931) : « // me souvient de quelques bandes qui forgaient V attention, oil eclatait un etrange et sournois pouvoir, ou s' amorgaient la destinee d'un art et le renouvellement du monde par la prise de vue, un ballet, entre autres, d'allumettes suedoises dont les danses geometriques, les arrangements subtils et les conflits de lignes etaient peut-Hre I'origine lointaine des Silly Symphonies. »
(2) Cette union du personnage humain et du personnage dessini a ite utilisee d'une fagon particulierement heureuse par un des meilleurs auteurs de dessins animes americains, Max Fleischer.