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142 HISTOIRE DU CINEMA
maison dans une autre, aimant mieux tenter une aventure nouvelle que de soutenir un effort dont les resultats etaient moins heureux qu'ils ne l'avaient espere, les uns comme les autres ne pensant qu'a gagner de l'argent, aucun ne soupconnant que le cinema n' etait pas un commerce ni une industrie comme les autres et qu'il aurait sansdoute gagne a etre regarde comme un art.
C'est encore en vertu de cet esprit empirique que, dans un domaine ou tout etait a creer, ou toutes les initiatives etaient souhaitables, on ne trouva rien de mieux, des qu'il s'agit d'emouvoir ou d'amuser le public, que de recourir au theatre, nous l'avons deja dit. Et ce fut a des hommes venus du theatre — et souvent du pire — que Ton confia non seulement Interpretation mais encore la direction de la realisation des films et parmi ces hommes c'etaient les plus grands qui se revelaient les moins aptes a comprendre, comme le montra bien Mounet-Sully, le jour oil, appele au studio pour y tourner CEdipe il exigea que le decor fut en tous points semblable a celui dans lequel il avait l'habitude d'evoluer a la Comedie-Francaise. Mounet-Sully meprisait le cinema et il ne voulut plus remettre les pieds dans un studio quand il eut vu ceque — parsafaute — le film avait faitdelui. De la part d'un MounetSully, ce mepris est explicable sinon justifie, mais les autres — tous les autres que le cinema etait alle chercher dans les theatres de quartier comme dans ceux des Boulevards, dans les music-halls,caf' cone' et bastringues en tous genres, etaient-ils qualifies pour le mepriser, eux qui ne lui apportaient rien a lui qui leur permettait de mieux gagner leur vie ou, quelquefois me'me, de la gagner tout simplement ?
Avec les gens de theatre ce fut le realisme qui fit son entree au studio, nous l'avons aussi deja dit (i), ce realisme vers lequel le cinema inclinait deja tout naturellement puisque e'etait par l'enregistrement de petites scenes, de toutes petites scenes de la vie — des « tranches de vie » vraiment — qu'il avait debute. Mais la foule a laquelle ce realisme etait destine etant encore plus vaste que celle qui frequentait les theatres, les producteurs furent tout naturellement ported a exagerer ce qui reussissait au theatre et ce fut dans le realisme le plus bas, le plus grossier qu'ils tomberent : Histoire d'un Crime en France pour commences Vol du Rapide et Attaque de la Grande Banque en Amerique pour continuer.
Encourages par l'accueil que ces films rccoivent d'un public dont ils flattent les plus bas instincts, les producteurs — des deux cotes de l'Atlantique — s'enfoncent chaque jour un peu plus avant dans ce genre de production sans se douter du tort qu'ils font au cinema. Avec une inconscience etonnante, ils vont me'me jusqu'a se faire un titre de
(i) V. pp. 77 et sq. gg et sq.