Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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CINEMA FRAN^AIS EN 1914 143 gloire de ce dont ils devraient rougir et on peut voir en 1906 Pathe qui, ayant produit un film intitule Les Dessous de Paris dont une partie se passe dans les egouts, donner de ce film dans son catalogue un resume se terminant ainsi : « Cette scene tres mouvementee plaira par son r^alisme vecu. II est du plus haut inter£t de suivre dans ses peripeties un des coups de main tentes journellement par ces audacieux bandits qui font la terreur des commercants parisiens et le desespoir des policiers. » Et ce realisme se met au service de tous les lieux communs, de tous les poncifs, de toutes les situations les plus invraisemblables dont des generations d'ecrivains sans imagination veritable avaient fait leurs choux gras, de tout le personnel que la Porte Saint-Martin, l'Ambigu, les Bouffes du Nord n'ont pu tuer a l'usage : filles-meres abandonnees avec le fruit de leur faute, femmes fatales irresistibles en leurs robes de velours noir, fils naturels liant a leur sort le sort de l'humanite tout entiere et invectivant contre la societe, bandits modeles de toutes les vertus... II y en a pour tous les gouts et helas ! pour tous les degouts. La vieille defroque romantique et melodramatique reprend un semblant de vie mais le cinema que devient-il dans tout cela ? On doit d'ailleurs reconnaitre, si Ton ne veut pas 6tre injuste, qu'il etait difficile qu'il en fut autrement dans un pays de vieille et profonde tradition theatrale comme la France (1) et, du moment qu'il avait adopt e le theatre pour maitre unique, comment, dans la griserie que lui donnait son succes et dans l'obligation ou il etait de tourner sans repit, comment le cinema aurait-il pu faire la discrimination entre le meilleur et le pire de ce que le theatre mettait a sa disposition ? Et en contre-partie de cette abdication, le theatre ne procure meme pas au cinema la consideration de ceux qui vivent dans la superstition du theatre et de la litterature. Mais pour que le cinema obtint du theatre et de la litterature les lettres de creance dont il avait besoin aupres d'un certain public qui se refusait a lui, il aurait fallu qu'il laissat voir pour les ceuvres qu'il leur empruntait le respect que lui, tout jeune et parvenu, leur devait. Or, il n'en etait rien et le cinema, quand il choisissait une ceuvre celebre pour lui donner une vie nouvelle, n'avait le plus souvent rien de plus presse que de la mutiler, la deformer, l'affadir, en un mot, lui manquer de respect d'une facon ou d'une autre. On raconte qu'un producteur francais ayant obtenu d'Anatole France l'autorisation de tirer un film de son roman Le Lys Rouge et (1) Les Americains, dont la culture est beaucoup moins grande et qui possedent une tradition theatrale beaucoup moins profonde, ont beaucoup moins sacrifie au theatre et c'est parce qu'ils ont moins subi V influence du theatre qu'ils ont mieux que quiconque, et avant tous autres, trouve quelques-unes des formules personnelles dont le cinema avait besoin.