Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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182 HISTOIRE DU CINEMA plus grave c'est que la vue tres exacte qu'il avait de la mediocrite dans laquelle le cinema se debattait ne f aisait pas de lui un homme nouveau : homme de theatre il etait et homme de theatre il restait. Bien plus, ayant cree une formule nouvelle de theatre, il etait trop rhomme de ce theatre pour pouvoir faire vraiment ceuvre cinematographique. Du premier film qu'il fit, Les Freres Corses, Louis Delluc disait : « Le scenario est ingrat au possible, les acteurs sont empoisonnes de theatre et meme de conservatoire et enfin le mot « economie » a du £tre souffle plus d'une fois a Antoine. Oui ! Et avec 9a la gaucherie d'un gros effort sans experience suffisante. Eh bien, Les Freres Corses c'est le plus beau film qu'on ait jamais vu en France ! Et il est francais. Pour une fois ! » C'est de 1'enthousiasme ! Mais on a l'impression que cet enthousiasme est de commande, qu'il cache une deception, une deception a laquelle Delluc s'attendait car il etait bien trop intelligent et il savait trop exactement ce qu 'Antoine apportait au cinema pour pouvoir esperer qu'il put en £tre autrement : « Un grand homme de theatre. Vingt-cinq ans de litterature et de realisme dramatiques... » Comment l'homme qui parle ainsi — et c'est encore Delluc — aurait-il pu avoir des illusions ? En allant chercher Antoine, le cinema francais commettait de nouveau l'erreur a laquelle son atavisme theatral l'avait deja conduit plusieurs fois : il se jetait dans les bras du theatre sans voir que, chaque fois, cette etreinte se resserrait un peu plus et sans se rendre compte qu'un jour elle finirait par l'etouffer. (1) Abel Gance Antoine ne fut heureusement pas le seul homme nouveau a qui le « Film d'Art » fit appel et, en ouvrant devant Abel Gance toutes grandes les portes du studio, que jusqu'alors il n'avait encore reussi qu'a entrebailler, Louis Nalpas allait rendre au cinema francais le plus grand service que celui-ci eut recu depuis que Georges Melies, touche par sa grace, avait renonce a la prestidigitation et qu'Emile Cohl etait alle chez Gaumont protester contre l'utilisation qu'un metteur en scene de cette maison avait faite de l'idee d'un de ses dessins. Abel Gance, avant de venir au cinema, etait, lui aussi, passe par (1) Pendant la guerre, Antoine fut engage par une firme italienne et c'est a Turin qu'en 1918 il tira un film de la pihce d' Henry Bernstein Israel.