Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

NAISSANCE DUN ART 199 encore ce chiffre est-il tres exagere. Bien d'autres miracles seront encore realises... mais ils ne serviront a rien. Je veux bien croire, comme je vous l'ai dit, que nous aurons de bons films. Ce sera exceptionnel, car le cinema n'est pas dans la race. Toutes les races n'aiment pas tous les arts, n'est-ce pas ? Eh bien, la France qui aime la poesie, le roman, la danse, la peinture, ne sent pas la musique, n'aime pas la musique, ne connait pas la musique. Le genie de Debussy et de Dukas, l'esprit et la diversite elegante de Faure ou de Ravel n'emp£chent pas que l'ideal lyrique du pays se limite a Gounod. Je vous dis — nous verrons si l'avenir le dira aussi — que la France a aussi peu le sens du cinema que de la musique. » (1) Louis Delluc cherchait a justifier son pessimisme par des raisons dont la ported depasse singulierement la mauvaise qualite ou l'insignifiance des films et tout ce que comportait de deplorable la situation dans laquelle le cinema fran^ais s'etait mis lui-meme ! Ce faisant, Delluc avait-il mis le doigt sur la plaie : le temperament fran^ais serait-il oppose a ce que le cinema exige de ses fideles ? Ce qui est curieux c'est que, dans un volume qui parut dix ans plus tard, Rene Schwob formula a Tegard de nos compatriotes le m&ne reproche : « La France n'est pas plus le pays du cinema que de la musique. C'est le pays de la peinture et de 1 'architecture, du re*el et de l'individuel. Elle ne cesse de repousser le mystere par passion, dit-elle, de comprendre, mais plutot par une myopie qui l'emp^che de comprendre l'au dela du visible. Les pays du cinema ce sont l'enfantine Amerique et la mystique Russie. » (2) En indiquant quels sont a son avis les pays qui sont doues pour le cinema, Rene Schwob jette sur l'afnrmation, si Ton peut dire negative, de Delluc une lueur qui permet de lui donner toute sa signification. C'est parce qu'elle n'a pas de tradition culturelle la rattachant au theatre que « l'enfantine Amerique » a toute la liber te indispensable a la confection d'ceuvres purement cinematographiques. Quant a « la mystique Russie », n'est-ce pas tout simplement parce qu'etant septentrionale elle est habituee a suggerer bien plus qu'a exprimer ce qu'elle pense etsent, qu'elle a ce qu'il faut pour reussir dans l'expression cinematographique, celle-ci malgre tout ce qu'on peut £tre tente d'en penser restant interieure... ainsi que le prouve l'interpretation des meilleurs, de Sessue Hayakawa a Ivan Mosjoukine, d'Emil Jannings a Charlie Chaplin et de Victor Sjostrom a Greta Garbo. Ce que Ton peut — ce que Ton doit sans doute — dire avec quelque chance de serrer la verite d'un peu plus pres que Delluc et Rene (1) Louis Delluc : Cinema et Cie, pp. 282-283 (Bernard Grasset, Edit., Paris, 1919). (2) Rene Schwob : « La Melodie silencieuse », p. 170 (B. Grasset, Edit.).