Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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LOUIS DELLUC 247 l'influence n'allait pas tarder a se faire sentir mais qui ne prendra sa veritable importance qu'apres la mort de celui qui l'avait suscite* (1924). Par ses articles, par ses critiques, Louis Delluc avait cree « l'etat d'esprit Avant-Garde » ; en fondant le Cine-Club, il avait donne au Cinema « le milieu ferme », le « centre de ralliement » dont il avait besoin pour que cet etat d'esprit portat ses fruits ; en ecrivant des scenarios comme ceux de La Fete Espagnole et de Fumee Noire et en les con fi ant a des mains capables de les transformer en images, il avait amene a maturite les premiers de ces fruits et prouve qu'il y avait en eux une saveur qui, pour etre nouvelle, ne manquait pas d'agrement. Mais Delluc etait exigeant envers lui-meme comme il l'etait envers les autres et tout cela ne lui paraissait qu'un debut : son ceuvre d'ecrivain appelait un couronnement et comme il possedait la Foi, cette foi qui souleve les montagnes, de critique il se fit critiquable et, las d'etre spectateur, descendit dans l'arene : « Est-il utile de discuter sur ce que Ton peut mettre dans un livre ? Ecrivez le livre ! Ne parlons plus du « comment » et du « pourquoi », ni du « pourquoi pas » de la dramaturgic cinematographique a son aurore. Composez ces films attendus ! » Delluc alors composa — a la fois scenariste et realisateur — Le Silence, Fievre, La Femme de nulle part, L'Inondation (1), c'est-a-dire les quatre premiers films qui, depuis ceux de Melies et ceux d'Emile Cohl, apportaient aux ecrans quelque chose de nouveau, quelque chose qui marquait un effort pour liberer l'image de la matiere, l'arracher au domaine du reel et la faire penetrer dans celui de l'irreel, pour substituer la pensee aux gestes ou plutot pour accompagner constamment ceux-ci du commentaire visuel des pensees, des souvenirs qui les ont provoquees ou qu'ils font naitre. Dans Le Silence comme dans Fumee Noire, Delluc a joue la difficulte en reduisant Taction au minimum : un de ces monologues interieurs que Victor Hugo, avec ce sens des images dont il avait le secret, appelait : « Une tempete sous un crane » : un homme seul, chez lui, un soir, retrouve par de modestes indices la vraie piste d'un drame ou, naguere, il se crut justicier et ou il ne fut que soumis a une influence criminelle. On devine a ce bref resume, la largeur du fosse qui separait un tel film de tous ceux qui occupaient alors les ecrans. Mais ce fosse apparaitra encore plus large et plus profond quand on saura que sur les cent quarante-neuf numeros que comporte le scenario du Silence, seuls les onze premiers, les vingt derniers et quelques-uns ici ou la, se rapportent a des actes directs, tous les autres ayant trait a des souvenirs ou a des suggestions. Bardeche et Brasillach disent de ce film (1) Ce dernier film fut tire d'une nouvelle d' Andre Corthis.