Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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LOUIS DELLUC 251 salle de theatre ou lorsque chacun de ceux dont est comp.osee son entite anonyme passait la soiree au coin de son feu, un livre en main. Traite en comedie dramatique, sonore de quelques-unes de ces belles tirades qu'Henry Bataille avait mises a la mode, le meme sujet aurait bien probablement fait courir, des mois durant, les foules pamees vers le Vaudeville ou le Gymnase : Louis Delluc aurait pu la faire cette piece qui aurait tire des larmes a toute la bourgeoisie de Paris et de la province, car il etait aussi auteur dramatique, mais il avait eu le tort de trop aimer le cinema et de croire trop tot le public capable d'apprecier les merites des intelligentes innovations qu'il lui apportait. Ce fut une reserve plus grande encore que ce public opposa a L'Inondation, le dernier film de Louis Delluc et le premier dont on puisse dire qu'il se rattache au realisme. Un realisme discret — celui-la meme qui convenait a la nouvelle d' Andre Corthis d'ou le scenario etait tire car, sans doute pour se donner une chance de plus d'atteindre un public qui lui echappait, Delluc, cette fois, avait renonce a etre son propre scenariste — , un realisme qui n'etait pas tres eloigne de celui des grands films de l'ecole suedoise, qui apparentait L'Inondation a L'Atre de Robert Boudrioz, un realisme poetique qui se manifesta en quelques-unes des plus belles images que Delluc ait composees, des images de campagnes embrumees, de terres envahies par l'eau, des images aussi evocatrices dans leur humidite grisatre et desolee que celles, brulees de soleil et blanches de poussiere, de La Fenime de nulle part. Mais si belles que fussent ces images, la nature qui lui en avait fourni les elements n'etait pas ce qui interessait Delluc, on l'avait bien vu avec Fumee Noire, Silence, Fievre d'ou elle etait totalement absente : aux arbres, aux eaux, aux ciels, il preferait les visages et derriere eux les ames, ces visages dont, mieux que quiconque a l'epoque et par le seul usage de l'objectif — car il ne s'attachait pas au jeu de ses acteurs — il savait nuancer les expressions par lesquelles il traduisait idees et sentiments capables de reveler les ames et c'est dans l'usage qu'il sut faire des images de ses deux interpretes preferes, Eve Francis et Edmond Van Daele, qu'il faut chercher ce qui fait la valeur du drame humain qu'est avant tout L'Inondation et ce qui constitue le vrai merite de Delluc. Car c'est sans doute cela qui finalement caracterise l'attachante personnalite de l'auteur de Fievre, cette preoccupation constante — on pourrait dire unique — de faire apparaitre l'ame de ses personnages a travers leurs gestes et mieux encore a travers les expressions de leurs visages. De meme qu'il avait attentivement regarde les grands films suedois, Delluc s'etait penche sur Forfaiture de C. B. de Mille et sur Sessue Hayakawa qui en tenait le principal role (1). De celui-ci, il (1) V. p. iyi et sq.