Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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252 HISTOIRE DU CINEMA avait ecrit qu'il etait « le plus photogenique et sans doute le plus artiste des interpretes de cinema » et il avait remarque a quelle puissance et a quelle richesse d'expression atteignait le Japonais sans jamais ou presque jamais avoir besoin de recourir au geste. C'etait a cette puissance et a cette richesse d'expression dans l'immobilite que Louis Delluc voulait atteindre et le premier en France il reussit a y amener ses interpretes. C'est encore dans La Femme de nulle part que ce merite apparut aux yeux de la critique : « Ni cris, ni larmes, ni crispations mais des fixites, des attentes, une deformation des traits, des yeux immobiles dans la recherche, agrandis dans la peine, un sourire pit oy able puis, sous l'effort de la reflexion, le retablissement progressif des lignes, la remise en equilibre. Sur ce visage (celui d'Eve Francis), Tame sans cesse afflue, travaille et vit. Son pathetique vient de sa quasi-immobilite. »(i) Delluc, on le voit, avait reussi a faire comprendre et apprecier son effort. Pour avoir, tout au long de son ceuvre donne le pas a ce que l'etre humain a de profond sur ce qu'il peut presenter de pittoresque exterieur, pour avoir, dans la composition des images dont ses films etaient faits, attache tant d'importance a l'exteriorisation de Fame de ses personnages, pour avoir aussi patiemment cherche a atteindre cette « precision psychologique » qu'il avait fixee comme but a ses efforts et dont il etait alors a peu pres le seul a se soucier, Louis Delluc a fait oeuvre d'initiateur (2). Est-il arrive trop tot ? Aurait-il ete mieux compris s'il etait venu quelques annees plus tard ? Questions steriles. Son action n'a d'ailleurs pas ete perdue car si, au lendemain meme de Silence, de Fievre et de La Femme de nulle part, d'autres Silence, d'autres Fievre, d'autres Femme de nulle part ne sont pas sortis des studios des Buttes-Chaumont et d'Epinay, ce qu'il ne faut peut-etre pas trop regretter, il n'y a pas beaucoup de films projetes dans la seconde periode de l'histoire du cinema muet qui aient echappe a l'influence de Delluc, a commencer par La Souriante Madame Beudet de Germaine Dulac (3) pour arriver a ceux dont Jean Epstein fut le realisateur, de Cceur fidele a Z'^7^c#£,aceuxdontIvanMosjoukinefutla vedette et a quelques autres. (1) M. Hollebecque : « La Pensee francaise ». (2) Lucien Wahl qui V a bien connu et a ete un de ses premiers collaborateurs a « Cinea », a trace de Louis Delluc ce portrait : « Grand garcon sensible, ironique, nonchalant et vif a la fois, poete jusqu'aufin fond, lutteur des qu'il s'agissait de V art quasi tout neuf du cinematographe dont il fut le premier theoricien clairvoyant et qu'il servit dans la pratique avec les moyens dont il disposait... S'etait-il resigne tot a la mort ? Je me le suis demande souvent quand je me rappelais que deux ans avant la -fin, bien portant, semblait-il, je V ' entendais me dire a je ne sais quel propos : « Je ne vivrai pas longtemps ». (« Lettres Frangaises », 4 octobre 1946.) {3)^V. p. 257 etsq.