Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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GERMAINE DULAC 267 toutes les conventions admises, de toutes les recettes recommandees, et reussirent a inteYesser et a 6mouvoir par l'expression toute simple de leur personnalite" dans ce qu'elle avait a la fois d'intelligent et de sensible. Le premier de ces deux hommes est Dimitri Kirsanoff qui avec quatre films : L'Ironie du Destin, Menilmontant, Sables et Brumes d'Automne a compost une oeuvre qui, bien certainement, est dans le domaine po£tique une des plus importantes de tout le cinema francais. Construite sur un point de depart de la plus parfaite banalite : un vieil homme rencontre sur un banc une vieille femme qu'il a aim£e jadis et ils s'apercoivent que, sans s'en douter, ils sont passes a cote du bonheur. L'Ironie du Destin aurait pu etre une « tranche de vie » brutale et sans nuances. Grace a une suite d'images ou s'exprimait aussi exactement que dans un film de Rene Clair un tres touchant amour de Paris, des images auxquelles l'interpretation de Nadia Sibirskaia, habile a marquer la lente metamorphose de la femme, conferait une emouvante humanity, L'Ironie du Destin ne manquait ni de force ni merae d'aprete, mais l'impression que Ton emportait de sa projection etait, malgre quelques images d'un symbolisme facile et inutile, celle que laisse la lecture d'un poeme en prose de Baudelaire. Et Ton en venait a souhaiter tout naturellement que Dimitri Kirsanoff fit, un jour, un film — inspire ou non de Baudelaire — qui aurait eu pour titre — et pour theme — « Le Spleen de Paris ». Ce film, Kirsanoff ne le fit pas, mais il fit un Menilmontant qui, pour etre d'une note realiste plus poussee que L'Ironie du Destin n'en porte pas moins la marque d'une sensibilite parfois un peu maladive mais tou jours singulierement persuasive. Sables qui vint ensuite montre que Kirsanoff sait aussi bien voir que sentir. Mais quelle que soit la valeur de ces trois films, c'est dans Brumes d'Automne qu'il faut chercher l'expression la plus complete de la personnalite de Kirsanoff : ciels brouilles, nuages fuyant, s'effilochant, branche qui tombe ridant la surface d'un etang, ou des brumes s'attardent, sous-bois au sol gonfle d'eau sous un matelas de feuilles mortes, fumee au ras d'un toit se perdant dans le gris du ciel... Une symphonie en gris mineur... Et, trait d'union entre toutes ces grisailles, une jeune femme au doux visage, Nadia Sibirskaia, unissant sa melancolie a celle de la nature. Jamais le cinema francais n'avait fait ni ne devait faire rien d'aussi delicat... Moins sensible peut-etre mais plus apte a dccouvrir des rapprochements entre les objets inanimes, a en tirer l'aspect pittoresque, a en faire jaillir l'ironie, Albert Guyot commenca par faire, sous la supervision de Germaine Dulac, Mon Paris dans lequel les acteurs (Maxudian, Malcolm Tod, Yette Armel, Marfa Dhervilly) tenaient une grande place sans lui fournir la matiere dont il pouvait tirer le mieux parti.