Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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272 HISTOIRE DU CINEMA cere n'est pas homme a se laisser priver de celle qu'il aime : il surgit devant son rival et le blesse. Envoye en prison, il n'oublie pas et reste fidele a son amour, si bien que, des sa liberation, il veut arracher au mauvais garcon sa victime. Les deux hommes de nouveau en viennent aux mains et le brave garcon au « cceur fidele » aurait finalement le dessous si la Providence n'intervenait en la personne d'une voisine, une petite infirme qui poignarde le mauvais garcon. Que d'un tel sujet, Jean Epstein n'ait pas fait un sombre melo comme il en etait deja sorti des centaines des studios francais, voila qui suffit a prouver qu'il y avait en lui une forte personnalite. Rien, en effet, ne ressemblait moins a un melo que Cceur Fidele film d'atmosphere et de verite humaine, Jean Epstein s'afnrmant aussi habile a manier les hommes que les choses et ayant des ressources de son metier une connaissance beaucoup plus large que la plupart de ses contemporains. Toutes ces qualites, il les utilisa dans un episode de Cceur Fidele — la Fete Foraine — qui s'imposa au point non seulement de rester dans la memoire de ceux qui l'ont vu mais aussi de creer tres rapidement une sorte de poncif de Tart et mieux encore de la virtuosity cinematographique : pas de film sans fete foraine, pas de cineaste voulant prouver qu'il etait quelqu'un qui n'eut a cceur de composer « sa » fete foraine... « La Fete Foraine » de Jean Epstein et « La Chanson du rail » d'Abel Gance : les deux « tarte a la creme » des annees 19231925. Mais de toutes ces fetes foraines pas une qui vaille celle de Cceur Fidele, pas une surtout qui ait la sincerite, la mesure que Jean Epstein avait mises dans la sienne, pas une qui contribue a revolution des caracteres et a la marche de Taction comme le modele-type. C'est que Jean Epstein n'avait pas eu pour but d'eblouir : la virtuosite pure etait bien le dernier de ses soucis. Comme Louis Delluc, comme Germaine Dulac ce a quoi il pretendait c'etait « atteindre a la precision psychologique » et, si possible, pousser plus loin qu'eux. L'episode de la fete foraine lui avait paru etre une occasion de montrer ce dont, dans ce domaine, le cinema etait capable. C'est le docteur Rene Allendy qui, le premier, a laisse voir que cette intention n'avait pas ete perdue : « Une femme tiraillee entre deux hommes, celui qu'elle aime et celui qu'elle est obligee de subir. Elle est dans une fete foraine, sur un manege. Les objets defilent — sensation de vertige — et le film nous montre les choses comme elle peut les voir elle-meme : parmi les mille details susceptibles d'accrocher son attention, il en est un qui prend une importance considerable : ce sont les personnages articules de l'orgue de Barbaric Au centre, une femme tapant rythmiquement sur une clochette ; de chaque cote, un homme dans le meme role et ces deux homines regardent alternativement la femme. Je ne sais si Jean Epstein a choisi ce detail dans une intention symbolique deliberee, mais ce que je sais bien, par mon