Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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29o HISTOIRE DU CINEMA devant l'ecran qui y etait installe comme a un pelerinage, avec la certitude que Ton allait y assister a quelque miracle et il n'y aurait pas a forcer beaucoup la verite pour pretendre que l'etat d'esprit y devenait etat de grace (i). La vogue que connaissait le Studio des Ursulines ne nuisait en rien au Vieux-Colombier ou etaient projetes les films de Jean Renoir (Fille de Veau, Petite Marehande d'allumeties) et de Jean Gremillon (Tour au Large). Bien au contraire. II y eut meme bientot une clientele a turban, de V Anglais sans chapeau, du Juif polonais acasquette, del'Austr alien aux tongues jambes, du Scandinave a V echine tongue, du Turc trapu, du prince caucasien en espadrilles, de la gitane en chdle a fteurs, du modele gras pour cubiste, du modele maigre pour peintre de genre, de la femme en perles, de la fourrure riche, de V impermeable troue, del' Americaine dontle type oscille de I'iroquoise a la quarter onne, de la puritaine au portrait francais du XVIII* siecle, sans compter les Bretons, les Provencaux et les Auvergnats qui importent a Paris leur genie regional et dilapident en tubes de couleur, les sardines, les olives ou les marrons paternels. II ne manque meme. pas, personnage paradoxal, exotique, le bourgeois du quartier accompagnS de sa dame en corsage de satin et de sa demoiselle qui suce un esquimau a I'entr'acte. L'orchestre excellent joue des blues sur les themes de Pelleas, des Charlestons tires de la Walkyrie et les dernier es productions de I'ecole d'Arcueil qui debarquent tout droit, sans manipulation qui les retarde, par la ligne de Sceaux... Ah! le bon public si na'ivement complique, si riche d'instinct, de curiosite et d 'abandon ! II veut de V avant-garde, du film sans personnages, de la floraison de cristaux, des doublements et des demultiplications de vitesse, des deformatioyis, des stylisations, des nuits de geometries lumineuses, des renversements de conventions, des visages renfles ou degonfles par des miroirs. A defaut de ces choses substantiates, il se divertit des vieilles bandes qui furent d'actualite il y a vingt-cinq ans, par oil Failures et le tzar entrent dans I'histoire, par ou les modes deviennent une melancolique et bouffonne evocation du passe, il s'egaie aux comedies sentimentales que composaient les primitifs du cinematographe, du temps ou I' on parlait avec les levres, ou on poussait le mimodrame devant Vobjectif qui photographiait encore, qui ne tournait pas autour des objets pour sculpter du continu, mais se contentait de regarder dans un plan unique, a des distances fixes comme V ceil du spectateur de theatre, son ancttre en voie d' 'extinction. Public hardi, jeune, qui ne se sent a I'aise que dans ce qui deconcerte, emporte parfois par une sorte de routine de Vaudace et chauvin a sa maniere, si Von admet que Montparr.asse forme une petite patrie cosmopolite qui a ses prejuges, sa cohesion, son artifice, son naturel, ses lois anarchiques, si V on convient qu'on peut, en somme, se trouver parfaitement chez soi dans la tour de Babel. » (Alexandre Amoux : « Du muet au parlant » (La Nouvelle Edition, Paris 1946). (1) Une tongue serie de succes ininterrompus amena Armand Tallier et Myrga a penser qu'ils disposaient d'une clientele assez nombreuse pour poursuivre, dans un autre quartier et dans une salle plus vaste, V experience qui leur avait si bien reussi. lis prirent la direction du Cinema de I'Ermitage qui venait de s'ouvrir aux Champs-Ely sees . Its y lancerent Cavalcade. Mais tres viie Us durent reconnaitre leur erreur.