Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

306 HISTOIRE DU CINEMA L'action simple et rude est d'un realisme qui ne saurait s'accommoder du moindre symbolisme et les personnages qui s'y meuvent — des pecheurs bretons — ne ressemblent en rien a ceux dont Marcel L'Herbier avait jusqu'alors fait sa compagnie. Le film ne se ressent pourtant pas de cette contrainte que sujet, personnages et sentiments imposerent a son realisateur, celui-ci ayant reussi a evoluer parmi tous les ecueils avec la plus complete aisance, montrant meme une force dont on ne retrouvera un nouvel exemple que dans certains passages de L' Argent et il tira de ses interpretes (Roger Karl, Jaque Catelain, Marcelle Pradot), une impression d'humanite et de simple verite que Ton chercherait en vain dans tout le reste de son ceuvre. V Homme du Large fut done une reussite, une vraie, dans laquelle ilyaurait quelque chose d'inexplicable si Ton ne savait que rintelligence fait des miracles et que rintelligence — la seule de ses nombreuses et brillantes qualites devant laquelle nul ne refuse de s'incliner — est bien probablement la marque la plus personnelle, la plus caracteristique de l'ceuvre de Marcel L'Herbier. L'intelligence ici a fait miracle et U Homme du Large merite veritablement d'etre regarde comme un modele d'adaptation a la fois souple et fidele. Mais comme Le Bercail, L' Homme du Large n'est dans cette periode de debut qu'un « en marge », si Ton peut dire, de l'ceuvre de Marcel L'Herbier et, si consciencieuse qu'en ait ete l'adaptation, si soignee qu'en ait ete la realisation, ceux qui cherchent a se faire une idee de son auteur d'apres ce qu'ils connaissent de lui, ont quelque peine a le regarder comme un fils de son esprit. Marcel L'Herbier ne s'attarda d'ailleurs pas parmi les pecheurs bretons, car il n'a rien d'un Antoine et ce n'est pas « La Vie telle qu'elle est » qu'il ambitionne de ressusciter sur l'ecran. Aussi des qu'il le peut, se tourne-t-il vers des sujetsqu'ila lui-meme imagines et dont il pense qu'ils lui permettront de s'exprimer librement, largement, sans avoir a subir la gene de couler sa pensee dans le moule d'une pensee etrangere : Villa Destin et Promethee banquier (Eve Francis, Gabriel Signoret, J. Catelain), sont, en 192 1, le produit de cet effort vers la personnalite, mais l'accueil fait a ces deux films deconcertants par leur manque d'unite et surtout par tout ce qu'ils laissaient voir de pretentions litteraires extra-cinematographiques, ne valut guere mieux que celui qu'avait recu Rose-France et ce fut bien certainement parce qu'il se rendit compte que ses affaires allaient se gater et qu'il lui fallait faire des concessions que Marcel L'Herbier choisit pour le film qui devait succeder a ces deux echecs un sujet capable de plaire a la direction d'une maison ou le melo etait en honneur. L'anecdote qui sert de support a El Dorado — histoire d'une danseuse qui se sacrifie pour son enfant — est, en effet, depourvue de veritable originalite, ne laisse guere voir de pretentions symboliques