Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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3o8 HISTOIRE DU CINEMA de se creer une forme personnelle, combinaison du « tableau » et du « rythme ». Tout d'abord l'Espagne qui revit dans El Dorado est une Espagne a la fois vraie et choisie — choisie par un homme qui a lu Maurice Barres et qui connait Goya — cette Espagne fertile en contrastes que l'objectif est capable d'exprimer avec plus de force et de souplesse dans les rapprochements que le pinceau, le burin ou la plume la plus romantique — la maison de danses et la chambre de l'enfant malade constituaient une opposition facile sans doute mais dont Marcel L'Herbier avait joue en virtuose, la ramenant en leit-motiv tout au long du film— cette Espagne-la a fourni a Marcel L'Herbier l'occasion de doter le cinema francais de sa premiere ceuvre d'art plastique. Certes, il y a de la litterature dans l'Espagne d'El Dorado — mais dans quel film de Marcel L'Herbier n'y a-t-il pas de litterature ? — et une litterature dont l'auteur oublie souvent Barres et Pierre Louys pour Blasco Ibanez, mais malgre cette litterature, El Dorado est une ceuvre d'art inattaquable pour la qualite de ses images, qualite qui vient sans doute de celle de la photographie (i), mais d'abord et surtout de la facon dont ces images avaient ete composees et vues par le scenariste-realisateur avant d'etre enregistrees par le « cameraman ». Et cette ceuvre d'art plastique atteint a une valeur cinematographique a laquelle aucun autre film de l'epoque ne peut pretendre. El Dorado est arrive devant le public en 1922 quelques semaines avant La Roue d'Abel Gance et quelques mois avant La Souriante Madame Beudet de Germaine Dulac et Cceur Fidele de Jean Epstein (1923). Tous les procedes techniques — flou, surimpression, deformation — dont le cinema disposal alors et dont Louis Delluc avait indique l'utilisation a des fins psychologiques ont ete mis a contribution par Marcel L'Herbier, peut-etre avec un peu d'indiscretion mais avec une intelligence, une sensibilite et surtout un souci de la qualite des images a la composition desquelles ils servaient qui n'ont ete oublies par aucun de ceux qui ont vu le film. L 'interpretation ne fut pas, elle non plus, etrangere a la forte impression d'art qui se degage de la projection d'El Dorado : entouree de Jaque Catelain, de Marcelle Pradot, de Philippe Heriat (que Ton retrouve dans tous les films de Marcel L'Herbier des annees 1920 a 1925) ainsi que de Georges Paulais, de Claire Prelia et d'Edith Rheal, c'est Eve Francis sur qui reposait tout le poids de l'ceuvre, poids d'autant plus lourd que cette remarquable comedienne n'est pas danseuse ; mais de cette difriculte Eve Francis vint a bout sinon en se jouant du moins en artiste ayant appris le cinema a l'ecole de Delluc et sans (1) Le « cameraman » <2'E1 Dorado etait Lucas qui, enive cent films, sera un des collaborateurs d'Abel Gance pour Napoleon.