Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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ABEL GANCE 327 se double d'un autre drame plus original encore que presque aussi arbitraire et plus cin£matographique : celui de 1'homme qui pcrd l'usage du sens qui lui est precis^ment indispensable pour exercer son metier : le m£canicien qui devient aveugle comme Beethoven devient sourd. C'est de ce drame a la fois professionnel et humain et de tout ce qui a trait au metier de son heros qu'Abel Gance a tire le meilleur de son film, tout ce qui donne a ce film son originalite, sa valeur et lui permettra d'exercer une influence profonde et durable sur revolution de l'art cin^matographique. Pour ext£rioriser la vie professionnelle de son heros, la vie du milieu ou il se meut, le drame dans lequel il se debat et auquel restent meles les etres et les choses parmi lesquels il accomplit les gestes quotidiens qui lui permettent de gagner sa vie, car un m£canicien de grande ligne n'est pas un homme du monde, selon la formule de Paul Bourget, disposant de loisirs qui lui permettent d'analyser ses sentiments et de penser a ses affaires de cceur, Abel Gance a imagine une technique absolument nouvelle qui lui permet de meler les objets inanim£s a la vie affective des hommes : decoupage de certaines de ses scenes en une infinite* d'images et montage de ces images selon un rythme savamment combine et d'une souplesse que Ton est tente de qualifier d'instinctive, de maniere a donner non seulement l'impression de la vitesse et de la simultaneity d'actions differentes et de sensations eprouvees par des personnages differents, mais encore l'impression d'un poeme aux rythmes artistiquement entrelaces, aux leit-motive ingenieusement ramen^s, aux harmonies savantes adroitement utilisees (1). L'innovation etait aussi hardie qu'heureuse et le cinema n'en avait pas encore connu qui repondit mieux a ses possibilites car c'etait le mouvement qui etait a l'origine et a la base de cette innovation qui a fait dire a Germaine Dulac : « L'ere de l'impressionnisme commencait, ramenant au mouvement pari e rythme, cherchant a creer l'emotion par la sensation... Dans La Roue la psychologie" devenait d£pendante d'une cadence. Les personnages n'etaient plus les seuls facteurs importants de l'ceuvre, mais la longueur des images, leur opposition, leur accord tenaient un r61e primordial a cote d'eux. Rails, locomotives, chaudiere, roues, manometre, fumee, tunnels : un drame nouveau, brutal, compose d'une (1) Void ce qu'a ce propos icvivait Canudo : « En rialite La Roue est un film double. L'un tvop sentimental et affaibli par des developpements romanesques et des incidents comiques d'une puerilite deroutante et du plus deplorable effet. L' autre, une « suite rythmique » de I'acier anime par Vhomme rayonnant, une sensibilitd irresistible qui centuple celle de V homme et oriente le cinema vers les votes imperieusement nouvelles, dtr anger es a la litterature, a la peinture et mime a la musique. » f« U Usine aux Images » p. 128. Chiron Edit. Paris 1927.)