Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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ABEL GANCE 337 et surtout celle ou, au club des Cordeliers, Rouget de Lisle vient chanter « La Marseillaise » qu'a la voix de Danton la foule commence a balbutier, hesitante, jusqu'a ce que, s'affermissant peu a peu, elle se laisse emporter sur ses flots tumultueux et heroi'ques (1). L'ambition que Gance avait eue de « faire du spectateur un acteur » de « le meler a Taction », de « l'emporter dans le rythme des images » etait ici pleinement realisee et il avait reussi a evoquer « la multiple action d'un esprit sur les foules : la tragedie de la grandeur d'un homme... le personnage central semblant ne plus etre que la calme apparence d'une idee qui s'est faite tangible » (2). Et le melange de lyrisme et de realisme qui lui avait si bien permis d'atteindre son but etait d'une puissance et d'un accent vraiment nouveaux qui montraient la richesse et l'originalite de sa personnalite. Cette personnalite avait eu a. sa disposition des moyens materiels comme on n'en avait encore jamais reuni en France et, ce qui lui fut encore plus precieux, elle avait su s'entourer des collaborateurs les plus capables non seulement de la comprendre ma is de se devouer a elle avec une sorte de fanatisme, qu'il s'agisse des acteurs aussi bien que du personnel technique : pour la premiere fois, s'etait trouvee constitute autour de Gance et par Gance une « equipe » a une epoque ou ce mot n'avait pas encore pris place dans le vocabulaire cinematographique. En ce qui concerne les acteurs, on serait injuste si, au premier rang d'une troupe qui ne comptait que des comediens de talent j usque dans Interpretation de personnages n'ayant a paraitre que quelques instants sur l'ecran : Maxudian (Barras), Harry Krimer (Rouget de Lisle), Philippe Heriat (Salicetti), Pierre BatchefT (Hoche), Suzanne Bianchetti (MarieAntoinette) Damia (« La Marseillaise ») on ne placait Albert Dieudonne (3). Cet acteur qui, apres d'heureux debuts, n'avait reussi a s'imposer par aucune creation vraiment meritoire se revela ici grand comedien de l'ecran, ressuscitant le personnage du « Corse (1) Peut-itre convient-il de souligner ici que, ne disposant que des images, A bel Gance reussit a faire passer a travers les salles de projection le souffle puissant de « la Marseillaise » beaucoup plus largemeitt, beaucoup plus irresistiblement que, dix ans plus tard, Jean Renoir avec tous les moyens que le cinema sonore mettait a sa disposition. (2) Rene Schwob : « Une melodie silencieuse » (Gr asset Edit. Paris 1929) (3) Abel Gance avait d'abord pense a Ivan Mosjoukine pour le role de Bonaparte puis apres quelques essais il s'etait decide pour Dieudonne. Quelle que soit la reussite de celui-ci, on peut regretter qu' Abel Gance n' ait pas donne suite a son idee premiere car la conjonction de deux personnalites telles que celle de Gance et celle de Mosjoukine n'aurait pas manque de produire d' inter essants resultats. 22