Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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35© HISTOIRE DU CINEMA propres idees, de ses propres gouts, de ses propres desirs, et qui correspond a son ideal particulier, si bien qu'ils ne pensent pas que c'est de la meme femme qu'ils parlent. Pourtant, ils fmissent bien par s'apercevoir qu'ils sont rivaux. Le sort les departage mais ils reprennent tous trois leur route a la poursuite du reve qu'ils n'atteindront pas — ignorant meme que pendant quelques instants ils n'auraient eu que quelques pas a faire pour se trouver en presence de celle dont « 1 'image » les hante. Ce film dont Jean Mitry a dit (i) qu'il etait « un des plus parfaits que l'ont ait vus depuis longtemps », « le plus magnifiquement lyrique que Ton ait realise — sauf La Roue » et son realisateur : « Gance mis a part, le plus grand « musicien du silence » dont l'art cinematographique puisse s'enorgueillir », ce film reposait malheureusement sur un theme trop litteraire, trop intellectuel pour etre compris par les commercants du cinema qui le mutilerent ce qui donna lieu, pour la premiere fois, a un proces intente par l'auteur. Estimant que sa pensee avait ete* d£formee et son « droit moral » atteint et possedant une situation assez importante pour ne pas se laisser faire, Jules Romains pensa, en effet, qu'il etait de l'interet general de voir regime, une fois pour toutes, une question de principe dont le cinema avait tant de fois souffert. Si necessaire qu'il fut, le proces ne fut pourtant pas plaide\ une transaction 6tant intervenue que le demandeur accepta pour que les int£rets des commanditaires de l'affaire ne souffrissent pas plus longtemps. Mais le film qui arriva devant le public ne fut ni celui dont avait reve" Jules Romains, ni celui dans lequel Jacques Feyder avait mis le meilleur de lui-meme et, malgre la beaute des tableaux de nature, tourn6s dans les plaines de Hongrie, malgre l'emotion et la po£sie qui se degageaient tout naturellement de cette belle histoire — l'histoire meme du reve que chaque etre humain porte en soi — malgre la beaute" d'Arlette Marchal dont la froide et fine noblesse convenait parfaitement au caractere symbolique de l'« Image », malgre l'humanite" qui caracterisait les personnages incarnes par Victor Vina, Malcolm Tod, Jean Margueritte, le film ne connut pas l'heureux destin qu'il m£ritait. Les ennuis qu'il avait valus a Jacques Feyder n'empecherent d'ailleurs pas celui-ci de lui garder le meilleur de son coeur puisque, cinq annees plus tard, a un journaliste qui lui demandait quel etait de tous ses films celui qu'il preferait, le realisateur de V Image repondit sans la moindre hesitation : « V Image ! » (2) Et ma foi ! on ne serait pas loin d'etre du meme avis s'il n'y avait (1) « Les Cahiers du Mois » noa 16-17. (Emile Paul Edit. Paris.) (2) Georges Chaperot : « Souvenirs sur Jacques Feyder » (Revue du cinima jer juillet 1930. Editions Gallimard, Paris.)