Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

Record Details:

Something wrong or inaccurate about this page? Let us Know!

Thanks for helping us continually improve the quality of the Lantern search engine for all of our users! We have millions of scanned pages, so user reports are incredibly helpful for us to identify places where we can improve and update the metadata.

Please describe the issue below, and click "Submit" to send your comments to our team! If you'd prefer, you can also send us an email to mhdl@commarts.wisc.edu with your comments.




We use Optical Character Recognition (OCR) during our scanning and processing workflow to make the content of each page searchable. You can view the automatically generated text below as well as copy and paste individual pieces of text to quote in your own work.

Text recognition is never 100% accurate. Many parts of the scanned page may not be reflected in the OCR text output, including: images, page layout, certain fonts or handwriting.

JACQUES FEYDER 353 en dire autant des scenes dont Raquel Meller etait le centre. Celle-ci n'etait evidemment pas la femme du role, bien qu'il y eut en elle quelque chose de farouche qui correspondait assez bien au personnage de la cigariere tel que Merimee l'a vue, mais cette sauvagerie naturelle etait combattue en la creatrice de « La Violettera » par un irresistible besoin de purete : tous les personnages auxquels elle pretait ses apparences et son physique devaient etre de pauvres filles, douees de toutes les vertus etsur qui la vie et la mechancete des hommes — surtout la mechancete des hommes — s'acharnaient injustement. Faire de Carmen une victime — fut-ce une victime de la fatalite — etait une id6e qui eut certainement beaucoup amuse Merimee, mais Raquel Meller se souciait bien de Merimee : Carmen fut done une pauvre fille, une victime du mechant don Jose, une victime du mechant torreador Lucas, une victime du mechant Garcia, une victime de tous les mediants hommes et e'etait avec un sourire extatique qu'elle s'offrait au coup de couteau de l'amant trompe et qu'elle mourait. Cette deformation du personnage principal n'etait naturellement pas sans repercussion sur l'ensemble de l'ceuvre et on peut dire que, pour une fois qu'il ne s'etait pas defendu contre « la vedette », Feyder n'eut pas a s'en feliciter (1). Jamais, en effet, on ne put constater aussi nettement qu'ici tout ce qu'il y a de dangereux dans le systeme du film base sur un titre et sur une vedette. Un Sommet : « Therese Raquin » Jacques Feyder fut plus heureux avec Therese Raquin — un titre encore, moins important, moins populaire que Carmen, mais un titre pour l'exploitation duquel il ne se laissa pas imposer une vedette, choisissant lui-meme la femme qui lui paraissait convenir au role, Gina Manes, qu'il aurait sans doute aussi bien choisie si, sans avoir ete la vedette feminine du Napoleon d'Abel Gance, elle n'avait alors ete que l'interprete du Cceur Fidele de Jean Epstein. Dans Therese Raquin dont il a dit qu'il s'y etait « mis cceur et chair » (2), Emile Zola a mis en presence une femme et son amant qui ayant, dans la plus etroite complicity, assassine le mari, reussissent a (1) Les autres roles de Carmen etaient terius par Fred Louis Lerch, Gaston Modot, Victor Vina, Jean Murat, Charles Barrois, Guerrero de Xandoval. (2) Letire du 29 mai 186 J a A. Valabregue. 23