Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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L£ON POIRIER 373 d'Abel Gance, declara-t-il un jour a un ami. II realise alors en moins de deux ans quatre films tres differents ou il donne avant tout l'impression de se chercher : V Ombre dechiree dont la grande artiste qu'est Suzanne Despres tient le role principal, celui d'une mere qui voit ce que sera la vie de sa fille malade si elle echappe a la mort : sujet hardi qui faisait dire a un critique que Leon Poirier excellait « a illustrer les tourments interieurs de l'ame, les combats du cceur et de la raison » ; Ames d 'Orient qui n'est guere autre chose qu'un melo teinte d'un exotisme ou apparait pour la premiere fois un gout de l'Orient que Ton retrouvera dans Narayana transposition de La Peau de Chagrin de Balzac et dans Le Coffret de Jade, « suite d'estampes composees dans le gout de Germaine Dulac » a en croire certains, ce qui est pour le moins inattendu car Leon Poirier n'a rien de commun avec la realisatrice de La Fete Espagnole si ce n'est son amour du cinema et du travail bien fait ainsi que le soin qu'il met a satisfaire ce gout. Ce qui serait plus exact, si Ton tient. a etablir des rapprochements, ce serait de penser a Marcel L'Herbier. C'est ce que suggere Fred. Philippe Amiguet quand il 6crit : « M. Leon Poirier n'a pas assez d'envergure pour creer une ligne symphonique de grand style ; il compose des suites musicales. II aime meubler l'ecran de reflets elegants, de gestes gracieux, d'attitudes charmantes. II aime les images qui se deroulent harmonieusement, les nuances, les demi-teintes. II aime aussi les bassins de marbre, les charmilles, les gazons a fleur d'eau, les parasols chinois et les volieres. Bref il a un certain penchant pour la couleur et pour le pittoresque. L'Inde l'attire, l'Asie le tente. Son livre de chevet doit etre « les Mille et une Nuits» ou les sentences d'Omar Kayam! M. Poirier done est un artiste delicat, un imagier habile (i). » Que cet « artiste delicat », cet « imagier habile » aime la litterature — un peu plus meme qu'il n'est necessaire a un homme qui se consacre au cinema — il n'en faut pas douter et il en donnera encore mainte preuve dans la suite de sa carriere, mais la litterature a laquelle ressortit Le Coffret de Jade est assez eloignee de celle dont doit se reclamer La Briere pour que Ton se rende compte de revolution accomplie en cinq ans par Leon Poirier. Cette evolution peut se marquer encore d'une autre facon : dans les films de cette periode Leon Poirier qui, plus tard, — exactement a partir de Jocelyn — montrera un gout si net et un sentiment si personnel de la nature ne fait a celle-ci aucune part : il n'y a pas de plein air dans Narayana, ni dans Le Coffret de Jade et quand, dans ce film, Taction se deroule dans un jardin au bord d'une piscine, les arbres et les buissons (i) Fred Philippe Amiguet :« Cindma! Cinema!* (Payot Edit. Lausanne, 1923).