Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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374 HISTOIRE DU CINEMA de fleurs sont planted au studio. Mais ces scenes d'int^rieur sont meublees avec un soin raffine et Leon Poirier sait jouer avec les reflets des etoffes et des bois precieux. II sait jouer aussi avec les visages de ses interpretes — ce gout il le conservera tout au long de sa carriere — et arracher a ceux-ci le maximum d'expression dont ils sont capables. Aussi recherche-t-il avant tout des acteurs aux visages nettement modeles et fortement marques. C'est pourquoi, a l'exception d'Armand Tallier et de Roger Karl qu'il y a trouves, il amene aux studios des Buttes-Chaumont des acteurs qu'on n'y voyait pas habituellement comme Suzanne Despres, Edmond Van Daele, Andre Nox et Laurence Myrga qu'il fait debuter et que Ton retrouvera dans tous ses films jusqu'a La Briere et que Ton ne verra que dans ses films. Mais ce n'est pas la le seul merite de Leon Poirier et il ne faut pas sous estimer celui qu'il eut en cette deuxieme periode de son activite, a faire accepter par Leon Gaumont et par l'entourage de celui-ci des sujets n'ayant aucun point de contact avec ceux que Feuillade savait si bien exploiter pour la plus grande satisfaction des masses populaires. Ce qui ne veut pas dire que Leon Poirier dedaigne les suffrages de la masse mais seulement qu'il entend conquerir celle-ci sans lui faire de concessions et, comme il a du gout et un sens tres precis de la mesure, il reussit a se creer un style personnel qui se recommande, ainsi que l'a tres justement remarque Canudo, par « un dedain ferme des moyens trop faciles d'emotion, de la brutalite des gros plans repetes autant que des « flous » suggestifs » (i), un style qui vaut, avant tout, par ce qu'on est bien force, si peu de gout que Ton ait pour un mot aussi facheusement galvaude, d'appeler de la distinction. Cet effort patient, mene parallelement a celui que Marcel L'Herbier soutient dans la meme maison, trouve son expression la plus interessante dans deux films aussi differents que possible l'un de l'autre : Le Penseur ou Poirier, cedant au gout du moment, semble vouloir montrer qu'il est capable, lui aussi, d'utiliser la technique cinematographique a fouiller les ames et a rendre sensibles les resultats de cette prospection et Jocelyn ou, dans un instinctif mouvement d'auto-defense, il semble vouloir prouver que la technique n'est pas tout et que Ton peut exprimer les nuances les plus dedicates de l'inexprimable sans recourir a des truquages ou Ton ne peut laisser voir sa personnalite qu'en rencherissant sur ses predecesseurs. Le Penseur dont le scenario a pour auteur Edmond Fleg est une sorte de conte philosophique dont le heros possede le pouvoir dangereux de lire dans les ames de ses contemporains. C'etait toute la comedie — ou tout le drame — des apparences qui se jouait la en une serie de (i) R. Canudo : « L'Usine aux Images », p. 116. (Chiron Edit. Paris, 1927.)