Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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376 HISTOIRE DU CINEMA ses images le ton de la confidence, l'exaltation de l'epoque et ce quelque chose d'artificiel qu'adoraient les disciples de JeanJacques. Jocelyn est une lente evocation romantique. Aussi l'objectif, la lumiere des projecteurs semblent-ils avoir voile leur eclat, diminue leur aprete pour mieux saisir le parfum de ce siecle ou Ton aimait, par-dessus tout, l'ombre des vallons solitaires, la fureur des torrents et les fatales tristesses (i). » Ou encore Canudo quand il estime que « la vision meme du doux poete des Meditations romantiques » s'accorde « de la maniere la plus indiscutable et la plus emcace » avec « la distinction » par quoi se recommande l'ceuvre de Leon Poirier, celui-ci « qui affectionne les tonalites differentes, indicatrices des ambiances diverses, a la maniere d'un musicien maitre de ses sonorites multiples », ayant choisi « avec un gout exceptionnel les tonalites de ses interieurs et de sa campagne. Et dans tout le drame revient comme un veritable leit-motiv plastique, grave et triste, pathetique sans exces, le lit de mort de Jocelyn etendu devant le poete qui parcourt ses memoires. La cadence etablie dans tout le film, pour le retour periodique de ce tableau, de ce motif essentiel, est d'une justesse admirable et tres emouvante... Le film apparait ainsi dans son austere beaute romantique... La vie et la mort de Jocelyn et de Laurence, evoquees dans la beaute de la nature et de leur ame, sur la durete inconsciente et irreductible de la Revolution et de la Religion, dans un drame que la melodie lamartinienne seule fleurit de paroles (2) composent un film d'une harmonie parfaite (3). » « Austere beaute romantique », « film d'une harmonie parfaite » : ce sont la des expressions qui ne s'echappent pas souvent de la plume de Canudo dont l'enthousiasme ne vient pas seulement de l'amour qu'il portait a la chose litteraire. Tirer un film d'un poeme etait une entreprise delicate, y avoir reussi de maniere a s'attirer de tels compliments et, en meme temps, a emouvoir les foules dont on aurait pu croire qu'a la tendresse lamartinienne elles prefereraient les rebondissements mouvementes d'un film a episodes est a l'honneur d'un homme qui, des ses debuts au studio, s'etait impose pour premiere regie la mesure. II est juste de reconnaitre que dans cette entreprise dont le resultat fut un des plus grands succes commerciaux qu'ait connus le cinema francais, Leon Poirier avait 6te fort heureusement (1) Fred. Ph. Amiguet : « Cinema I Cinema ! » (Payot Edit. Geneve, 1923) (2) Quand le film eui accompli sa carriere normale, ses deux principaux interpretes, Armand Tallier et Myrga, entreprirent a travers la France une longue tournee pour laquelle Us accompagnaient la projection du film de la recitation du pohme de Lamartine , initiative hardie qui remporta partout le plus vif succes. (3) R. Canudo : « L'Usine aux Images » (Chiron Edit. Paris, 1927).