Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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380 HISTOIRE DU CINEMA repandre des idees capables d'en donner l'horreur et d'en eviter le retour (i). Ces intentions, Leon Poirier les avait hautement exprimees dans l'allocution qu'il avait prononcee le 10 aout 1927 quand il avait donne son premier tour de manivelle devant « la Tranchee des Baionnettes ». « Le Temps accomplit son ceuvre. Sur le chaos, l'herbe repousse ; dans la memoire des jeunes generations, la legende remplace le souvenir. Le cinema est sans doute, par son action directe, Tart le plus designe pour combattre l'oubli — oubli nefaste, car c'est a partir du moment ou les hommes ne se souviennent plus des enseignements du passe qu'ils sont a nouveau tentes de se battre. » Le scenario de Verdun, Visions d'Histoire n'est qu'un pr6texte et, bien qu'on y retrouve quelques-uns des personnages inevitables dans les bandes de ce genre : le paysan-soldat heroique, le Parisien gouailleur et non moins heroique, la mere douloureuse et la femme non moins douloureuse, ces personnages s'efforcent ici de s'evader de l'anecdote et de s'elever a la hauteur de types d'une humanite generate. L'action, elle aussi, se degage du ton anecdotique et si elle ne reussit pas aussi completement que son auteur l'avait ambitionne, en depit de la modestie du mot « Visions » figurant dans le titre, a faire du film un chapitre d'histoire, du moins celui-ci constitue-t-il une « chronique » vraiment vivante et parfaitement respectueuse de la verite historique des mois qui se deroulerent depuis l'attaque allemande sur Verdun jusqu'au degagement de la ville par la reprise des forts de Vaux et de Douaumont. C'est a donner cette impression d'exactitude que Leon Poirier avait tenu avant tout quand il avait entrepris son film ; aussi n'avait-il neglige aucun des moyens qui lui permettraient d'y reussir, reconstituant les evenements sur les lieux memes ou ils s'etaient deroules et y faisant revenir certaines des personnalites qui y avaient participe, obtenant le concours de l'armee, allant chercher un acteur berlinois pour tenir le r61e du « fantassin » allemand qu'il voulait opposer a son « fantassin » fran^ais et surtout fouillant pour la premiere fois dans « les archives cinematographiques » pour y decouvrir les bouts de « documentaires » qui lui eviteraient de reconstituer ce qu'ils montraient et du meme coup degageraient le rude parfum de verite auquel il tenait. Sur ce point, la reussite de Leon Poirier fut complete et il sut si bien amalgamer les documents authentiques avec les scenes (1) A la meme epoque, Alexandre Ryder et Duges, possedes de la meme noble ambition, entreprirent un autre film de guerre, La Grande Epreuve, qui, realise avec moins de scrupules et moins de soins que Verdun, Visions d'Histoire, fut termine plus rapidement et presente des le mois d'avril 1928. Mais toute comparaison entre les deux films serait temeraire et injuste, injurieuse aussi pour Vun d'eux.