Histoire encyclopédique du cinéma : I : le cinéma Français 1895-1929 (1947)

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382 HISTOIRE DU CINEMA possibility du cinema et les non moins considerables services qu'il est capable de rendre dans les domaines les plus diff£rents — dont celui de la distraction est loin d'etre le plus important — cette audace, on ne l'a pas assez appreciee et Bardeche et Brasillach sont profondement injustes a l'egard de Poirier quand ils ne parlent que de son « honne4tete » et de sa « probite un peu lourde et passionn^e ». Certes il y a de l'honnetete" dans le talent de l'auteur de Verdun, mais ce mot n'a pas seulement un sens restrictif et c'est deja rendre hommage a sa « probite* un peu lourde » que de reconnaitre qu'elle est aussi « passionn^e ». Passionne, Leon Poirier Test, en effet, mais beaucoup plus dans les sentiments qui l'animent a regard du cinema, dans l'int£ret qu'il lui porte et dans les espoirs qu'il met en lui que dans la maniere dont il s'exprime par l'intermediaire des images qu'il compose comme si quelque chose qui ressemble fort a de la pudeur le retenait toujours. Dans aucun de ses films, en effet, on ne sent passer un de ces grands souffles qui parcourent La Roue ou Napoleon et qui n'auraient pas et6 deplaces dans une ceuvre comme Verdun, Visions d'Histoire. Son lyrisme est purement intentionnel et l'emotion a laquelle il s'abandonne naturellement est toute de discr6tion, d'intimite\ Elle se manifeste peut-6tre plus librement, plus largement quand il s'agit de paysages que d'etres humains et aussi bien dans Verdun que dans Jocelyn et surtout dans La Briere, mieux qu'aucun autre Francais de la meme epoque, il a tir6 des arbres, de l'eau, des nuages, de la terre — la terre dechiree, bouleversee jusqu'en ses entrailles du Bois des Caures et de Douaumont — les expressions capables de nous toucher. Et par la encore il s'afnrme fidele a l'ideal romantique de sa jeunesse. C'est d'ailleurs pour ce romantisme tempere dont on retrouve des traces tout au long des treize films qu'il a realises de 1918 a 1929 et qui donne a son ceuvre un caractere personnel non moins que pour le gout avec lequel il a toujours su choisir ses sujets en se preoccupant de leur valeur morale et sociale — cette tendance se manifestera encore plus nettement apres 1929 — et pour le courage avec lequel il s'est constamment efforc£ de lib6rer l'art cinematographique de l'oppression des forces financieres et commerciales sans pour cela gacher l'argent ni n6gliger la reussite materielle de ses entreprises, c'est pour tout cela que Leon Poirier a droit a une place qui n'est pas petite dans l'ecole cindmatographique francaise.